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La Capuche

  • : le bonhomme capuche
  • : Epicerie à bricoles. Collages en stock, phrases à tiroirs, anecdotes nocturnes et papillons.
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Dans Le Fond De Ma Capuche

15 octobre 2007 1 15 /10 /octobre /2007 18:29

J'ai dormi d'un sommeil un peu tendu et discontinu, mais avec de vraies tranches de sommeil dedans, tout de même ; j'ai rêvé que j'étais avec Puce et que je lui expliquais pourquoi je devais me lever à 6 heures, pour manger...

Mon réveil de téléphone a sonné à 6 heures - c'est Rayé qui s'en est saisi et a marmonné "c'est quoi ça ?" (je ne sais pas trop si sa question concernait l'objet ou le fait qu'il s'agite à cette heure indue) ; j'ai répondu : "c'est le réveil de mon petit déjeuner..." Et à six heures, je me suis attablée ; à 6h35 j'étais recouchée, avec le réveil réglé sur 7h40.

Hop, je me lève à nouveau, j'enfile la tenue préparée la veille avec soin - un peu le stress, tout de même, la conscience d'un jour important ; je me bats avec le dossard et les bestioles d'épingles à nourrice dont je gère mal la géométrie ; Rayé ouvre un oeil et se met sur ses pieds pour m'attacher la puce (la petite, celle qui cause pas, la celle en plastique ;)  ) dans les lacets. 8h05, je suis dehors.


Dans le métro, je croise d'étranges personnages emmitoufflés dans des sacs poubelles.
Je rejoins le groupe vers 9 heures dans le rond central du stade, près du départ ; il y règne une folle ambiance : la sono joue Sugarhill Gang, Rapper's Delight, à fond les ballons, un peu partout de petits amas de gens s'activent ; certains s'adonnent à des exercices d'entraînement atypiques (ça fait un peu Jacques Tati - oui pasque l'autre jour j'en ai regardé un bout à la télé, maintenant je peux faire des références enlevées ;)  ). Ils font des moulinets avec les bras et se livrent à des danses de la pluie.


Prune et Chéri-de-Prune sont déjà là, Copains-de-Prune-et-de-Chéri-de-Prune arrivent peu à peu. Un grand ciel dégagé, clair et léger ; une atmosphère marrante et un peu électrique ; on check son attirail, les gels trucs, les mouchoirs (ma collection de sopalin, unique en son genre), les lacets, et on part se mettre dans la ligne - heu le pavé de départ.


9h15, on est en place. La course ne commence qu'à 10 heures. J'ai la chair de poule ; mais la foule me réchauffe un peu. Je vérifie mes lacets (quand je me baisse, j'ai bien chaud, à hauteur des milliers de genoux). C'est moins oppressant que lors de ma précédente et toute première course (la Parisienne, 6,5 kms) : les gens s'agglutinent moins, sont plus zen ; et quand le départ est donné je m'émerveille de la fluidité du machin : presque pas de piétinement, aucune bousculade, un vrai bonheur ce départ, tout en douceur, comme dans une pub pour les yaourts. Les coureurs ici ont plus l'habitude, et surtout, courent plus vite : pour Prune et moi, c'est du tout-gratiné - on se fait doubler, mais on n'a presque pas besoin de doubler, donc pas de prise de tête stratégique pour savoir par où se faufiler ; pas besoin de prendre les trottoirs, pas besoin d'accélérer-piétiner... du pain de mie.


On monte doucement vers le Trocadéro, hop on est partis. Ca fait bizarre de se dire qu'on est dedans, ça y est on est partis, on court les gars on court, ça commence... [Ce truc sur lequel on fantasme depuis des semaines.] La foule est déjà là pour nous acclamer, AHA on est des stars - (je fais des sourires béats aux spectateurs - mercimerci) ; les petites fanfares rigolotes sont en place sur les ronds-points, dans les virages, sur le bord de la route. Dans l'une les musiciens sont en rose fluo ; l'autre balance des rythmes africains - Prune crie : "Ouais, bravo !!" (Elle est grave en folie ;) ) Hop on oblique vers le bois de Boulogne.


Les 11 premiers kilomètres, comme dans du beurre. J'avais l'impression qu'on ne faisait que descendre ( ? ). Prune est toujours à côté ou derrière moi, avec son tee-shirt rouge ; depuis le début j'ai mon casque sur les oreilles et la musique qui pulse ; de temps à autre je l'arrête pour écouter Prune ou une fanfare - la plupart du temps j'écoute les deux en même temps et je n'entends aucune des deux ;)

Je regarde autour de moi, les routes, les arbres, tous les tee-shirts qui s'agitent devant - je passe toute la course à lire les inscriptions sur le dos des coureurs ; "marathon de Paris", "je cours contre la maladie", "les Foulées de Bidule", "les 15 kms de Truc"... - et les maillots des clubs, aussi. Des tee-shirts "Air France", ou "Armée de Terre"... L'ambiance est bonne en dépit de quelques rigolos qui te poussent pour te doubler (heureusement ils sont peu nombreux).


Au 10e kilomètres j'essaie de boire un peu - Prune ma coach-bonne-étoile m'attrape de l'eau sur le côté droit, j'en chope sur le gauche et on se retrouve avec trois petites bouteilles de flotte ;) - j'arrive à peine à en avaler trois gorgées, et je balance le reste sous une voiture (oui normalement c'est mal, mais là, on a le droit...) Ca me fout un peu mal au bide ; mais on arrive au 11e kilomètres, et là attention, je dois retrouver M'sieur Rayé, que j'ai laissé à la maison tout chaud de sommeil (comme un chausson aux pommes qui sort du four, que je lui dis d'habitude), et qui a accepté de m'accompagner pour la seconde moitié de l'aventure. On s'est fixé un point de rendez-vous, mais on n'est vraiment pas sûrs de nous, et je suis toute fébrile - je gueule le nom des rues qu'on enfile et mes voisins de course doivent me prendre pour une tarrée - "excelmans, ouais... versailles ! c'est bon versailles ! et là... on doit prendre à droite attention... oui la poste, la poste, ya une poste c'est là !!! mais... il est pas là !! SI !!! il est là !!!" (une folle dingue quoi). J'ai levé le bras et Rayé m'a vue ; hop il se lance du trottoir sur la route - Prune lui file mon gel-aux-pommes et gueule "Ouais allez Ox !!" puis disparaît, derrière nous - elle courera jusqu'au 14e kilomètre, pour traverser la Seine et voir son chéri arriver en triomphe, au bout d'une heure 25 minutes et 50 secondes de course... Rayé me demande si ça va ; je suis excitée comme une star et je réponds "ça va SUPER bien."

On oblique vers les berges de la Seine, et la chaussée se fait plus étroite. Je cours à droite, sur le bord. Commence la partie la moins rigolote (désolée M'sieur Zébrures - tu as manqué les sous-bois verts de Boulogne et leurs odeurs de branches).

Encore moins rigolo, en fait franchement sombre , inquiétant : sur le côté, un jeune homme est allongé sur le dos, les yeux exorbités, les bras largement ouverts, on lui fait un massage cardiaque - un grand frisson triste parcourt la nuée des coureurs.


Ravitaillement du 15e kilomètre. Je devrais boire et manger, mais je ne m'en sens pas l'estomac, et je ne fais rien du tout ; Rayé a toujours mon gel-parfum-pommes mais je décline poliment sa proposition - mon ventre ne s'en sent pas les tripes. Une erreur stratégique sûrement me dira Rayures après la course - mon grand machin de corps fatigue.


A partir du 16e, ça devient dur ; c'est là qu'Arsenik se met à entonner "Rester vivant ! Rester vivant !" dans mon casque, et ça me fait marrer. Je repense à la phrase de Chéri-de-Prune (connaisseur des 20 kms) : "là, t'attends avec impatience le moment où on va retraverser la Seine..." Ouais, surtout que ça monte, ou du moins j'en ai l'impression ; alors quand je vois au loin la vague de gens multicolores (si ça fait vraiment vague, qui ondule, c'est assez rigolo) prendre le virage à droite et s'engager sur un pont, je beugle, en pointant du doigt : "là ! on traverse, ça y est !"


Seulement de l'autre côté du pont on n'est pas arrivés, et Grand-corps-en vrac commence à protester... [Pourquoi grand ? Je sais je suis petite m'enfin... il prend de la place, voyez, c'est pas rien à déplacer...] La partie vraiment la plus galère : l'enfilage des mini-tunnels - je descends, je monte, je descends... je... mmmonte, je descends... heu... je...mm. (si si je vais le faire) ;) et dans le trou, c'est tout sombre, tout humide, ça clapote, et surtout, désolée les camarades de galère, mais... on pue : tous ces petits corps frétillants comme du plancton sous les voûtes en pierre, ça dégage une odeur... de sport - je me sens faire partie d'un grand tout transpirant en presque décomposition sportive, et j'ai chaud à la tête.


Je n'ai plus d'électricité, je marche à la manivelle.  J'ai mal au genou. Rayé aussi, mais il ne me le dit pas, en coach dévoué.

On passe le 18e kilomètre, et il me lance : "On accélère ?" Avec peine je redresse mon cou qui pèse (bon d'accord j'exagère) pour lui répondre... juste... "Non". Il a compris le message et me demande en métronome si ça va, et ça va ; je pédale, sans réfléchir, et par plancher je passe la musique de plus en plus fort dans mon casque - plus fort - plus fort... (Là ya Métèque de Joey Starr, et ça me fait du bien.) Le 18e dure des heures. Rayé est tombé d'accord là desssus. Je vois au loin un grand truc rouge et je gueule (oui, parce que j'ai toujours mon casque sur les oreilles, et à plein volume) : "C'est l'arrivée là-bas ?" Un gars qui court à droite de Rayé hoche la tête, ben non, c'est juste le 19e kilomètre... Je me sens un peu bête parce qu'après réflexion (légère hein la réflexion, je suis fatiguée moi) ce truc se dresse au milieu de rien, et ne ressemble effectivement pas du tout à une ligne d'arrivée, mais ça me fait rigoler - et on y est presque, les gars... D'un coup Rayures me montre du doigt : "Là ! Regarde là, c'est l'arrivée !" Yeah....


Le 19e kilomètre a été tout petit ; je ne pouvais pas accélérer, mais quand j'ai vu, là, tout de suite, devant... la putain de ligne d'arrivée, ouah * * * les photographes à deux pas ont eu droit à mon plus beau sourire radieux :-))

Pas trop professionnels cependant les coureurs s'arrêtaient juste sur la ligne, et on venait tous se ramasser les uns après les autres dans cette espèce d'étrange coussin humain coagulé... Puis on marche vers le ravitaillement - je crève de soif, Rayé aussi - il me dit que ce n'est pas bon signe et qu'on aurait dû boire avant : on a couru désydratés sur la fin ; des bonshommes distribuent des trucs bleus sur le bord et je prends ça pour du chocolat, je tends la main, avide - elle reçoit une toute-pourrie-médaille moche ("mais merde ça se mange pas ce truc c'est tout dur en plus !") (bon, je la rangerai tout de même dans ma super-collection riche de deux éléments, dans ma valise Elmer ;)  ).


Je rate le vrai ravitaillement du manger (tout de même des pruneaux Agen, une pomme, et une grosse barre Milka, merde alors), mais je me rue sur les bouteilles de flotte (HHHH.... assoiffée comme un puits asséché...) On retrouve la Bande-des-Potes dans le rond central, Prune me fait un show d'arrivée ; c'est comme une sorte de bonheur dans mon for d'intérieur, genre : "éh, les gars.... je L'AI fait."


Je passerai la seconde moitié de la journée dans un semi-coma ; Rayé a ramassé sur le bord de la route une bonne crève résistante qui a eu raison de sa présence dans le monde des Cohérents à 20h30 - trois cuillérés de lentilles, et au lit - je lui emboîte le pas une demie-heure plus tard. Et je sombre. La tronche dans l'oreiller. Bavant.


Bilan de l'étendue des dégâts : mes jambes ont bien résisté - à part les genoux, qui grincent franchement, et l'articulation des hanches ; quelques sensations ( de ? chaud ? poivré ?) en haut des cuisses, sur le devant, mais pô grand chose. Côté souffle et coeur, RAS. Ce qui pèche, avec clarté : mon joli-petit-tronc : mon bidon, qui fait des siennes, comme à son habitude, et un peu le dos, les côtes, toute l'armature, quoi (d'après Rayé, faut chercher du côté des abdos). Et aussi : le jus, plus généralement... La tenue sur la durée. M'enfin, quoi, après tout, c'était la première fois ;).


Une décision, cependant, née de cette aventure picaresque : je ne ferai JAMAIS de marathon...
:-))

PS : http://www.metrofrance.com/fr/article/2007/10/11/18/0750-37/index.xml

"Au bout d’une heure, votre organisme aura besoin de puiser dans les réserves. Ne sautez pas les ravitaillements. Même s’il ne fait pas très chaud. En général, le coup de barre survient dans le 14 ou 15e kilomètre."
Mwouais... je confirme. ;)

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