750 grammes
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La Capuche

  • : le bonhomme capuche
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blablabla, blablabla, bla,

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Lyon blablablabla.


et des blablas rouges aussi

(des fois).

 

une tasse de thé ?

Bienvenue sur mon blog !




 

Dans Le Fond De Ma Capuche

25 juillet 2009 6 25 /07 /juillet /2009 20:41
(Oui, je sais, je bloque un peu sur mes couilles là, ça devient limite vulgaire, comme obsession - hoho. Et j'pourrais féminiser la chose et l'expression. Mais c't'à dire que vis-à-vis de mes ovaires, comment dire. On dirait qu'il y a un chemin, tout de même, avant qu'elles ressembl(âssent) à quelque chose de vaguement apaisé. J'en parlerai dans un prochain article, tiens.)

Mais : ce petit mot : "mot"
pour rendre justice à qui de droit, car mon pôpa, plein de son énergie et de sa foi, a continué le débat, avec les mails, là, et par le chien, au bout d'un moment, ça a construit, j'ai trouvé, on est arrivé quelque part.

(Je rends grâce, aaaaaaaaaaaahhhhhh.)

Sympa, tout de même et malgré tout.
(ehe)


(pasque je suis mauvaise, moi, au premier abord et par défaut)
(ouh la mauvaise bête)

(je fais acte de contrition)
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24 juillet 2009 5 24 /07 /juillet /2009 17:31
Samedi dernier, il m'envoie un petit mail - le pauvre, m'a dit Rayé, il pensait bien faire, il te l'a envoyé tout exprès parce qu'il sait que ces questions t'intéressent...
C'est vrai, il ne pensait pas du tout me provoquer. Il pensait que je serais toute d'accord et que j'abonderais dans son sens... Il voulait être sympa.

Le mail :
Echange entendu entre deux jeunes femmes, au theatre...
- "Nous partons avec des amis, nous serons 16 !"
- "Et bien tu vas passer tes vacances a faire la bouffe ! "
- "Non, car nous serons neuf filles..."

Et surtout, le titre :
"Auto-sexisme ordinaire"

Alors moi, ça m'a piqué, j'ai pas pu me retenir ; avec les épines, je lui réponds :
salut !
je ne sais pas bien ce que tu entends par "auto-sexime", mais si ça veut dire qu'elles se mettent elles-mêmes et de leur plein gré dans cette situation, nous ne sommes pas d'accord ! je n'ai aucune affinité avec les théories de la "servitude volontaire", démentie théoriquement et surtout pratiquement par de nombreux-ses sociologues et anthropologues....

Et puis juste après, parce que j'avais fait lire son mail à Rayé, et qu'il m'avait lui-même fait cette réflexion :
en plus ce petit dialogue montre plutôt du cynisme, une conscience claire de la situation (inégale), et le fait d'être désabusées : elles savent bien que de toutes façons les hommes ne vont rien faire et que ça va leur revenir à elles ;
la conscience que si elles veulent maintenir leur vie de couple, et faire ce genre de trucs (partir en groupe d'amis), elles sont obligées de faire ce genre de concessions / renoncements ;
à méditer : "céder n'est pas consentir" !!!
(Nicole-Claude Mathieu)
qui s'applique à toutes sortes de situations très variées...

Et lui, alors :
Belle formule, a laquelle j'adhere. Mais j'adhere moins par experience aux theses noir/blanc ; le reel n'est tt de meme jamais si simple selon moi.
Ainsi es-tu si sure qu'elles ne peuvent pas ou jamais inverser le cours des choses, en finesse ou fermement ?
Et ne crois-tu pas que dans certains cas, elles y trouvent leur intérêt : as-tu lu par exemple les travaux des sociologues comme Francois de Singly, qui est tout sauf un reactionnaire ou un machiste... [blabli]
De même certaines femmes "accaparent" les enfants, et ce jeu trouble entre la perception de son intérêt et la domination soft (ou hard) me semble exclure les explications tranchees...

Bé du coup, on est partis hein, on s'arrête plus ! moi, je lui réponds !

Pourquoi utiliser tous ces mots, "tranché", "noir/blanc", "simple", alors que rien (il me semble) dans ce que j'ai écrit ne va dans ce sens ?.... procès d'intention ?
Nicole-Claude Mathieu (par exemple, puisque c'est elle que je cite), pour être féministe (et anthropologue de renom) est tout sauf simpliste ! ses travaux sont extrêmement subtils, puissants, fouillés, etc.
ce que tu évoques va effectivement dans le sens d'une complexité (le réel est infiniment complexe), parce que le processus de domination / aliénation (comme on voudra bien le nommer) est extrêmement complexe : les deux groupes ne sont pas des groupes "homogènes", ils sont traversés et divisés par d'autres rapports (de classes, de races, etc.), il y a des résistances, les dominés se sont jamais totalement écrasés, anéantis, il y a des espaces de liberté, des degrés, des moyens de tirer parti de tel ou tel aspect de la domination, des alliances qui se forment, etc etc
mais la prise en compte de cette complexité ne doit jamais conduire, selon moi, à remettre en compte la réalité de la domination / aliénation.
"es-tu si sûre qu'elles ne peuvent jamais inverser le cours des choses" - hé ! et qui c'est qui a conquis, arraché tout ce qu'on a aujourd'hui !?!! les femmes, et les féministes, majoritairement femmes !! évidemment qu'elles peuvent agir !
est-ce à dire que, du coup, tout ce à quoi elles consentent, et celles qui consentent, c'est vraiment parce qu'elles le veulent bien, totalement, entièrement ? que du coup elles en seraient "complices" ?... c'est plus compliqué.
déjà parce qu'en plus du rapport de force direct (je veux forcer mon mari à faire telle chose, j'ai tel et tel moyen), il a le conditionnement social (puissant) ; je connais les travaux de de Singly - je ne crois pas qu'il entende montrer, par ses enquêtes, que ces femmes choisissent en toute liberté et de bon coeur d'avoir la charge du ménage !
ne pas avoir la même notion du sale et du propre : c'est bien la marque d'un conditionnement social sexuellement différencié - c'est du bourdieu...
(il y a des femmes qui ont un comportement et des jugements éminemment sexistes, qui condamnent d'autres femmes, etc. - le système de domination, ou le rapport de "genre", conditionne tout autant les femmes que les hommes ! la virilité est construite, la féminité est construite, on est tous pris dedans... et même le rapport qu'une femme a a soi-même est construit là-dedans : on ne veut pas toujours consciemment son propre bien ! :p)
"y trouver son intérêt", c'est effectivement l'une des dimensions de la complexité de tout rapport de domination : comme tu dis, rien n'est tout noir / tout blanc ; par exemple ces nanas qui partent en vacances à 19 peuvent profiter de moments "entre femmes" quand elles font la cuisine et y prendre plaisir [de la même façon que la division des tâches et des espaces, quand elle est très marquée, permet au groupe des femmes de jouir d'un espace de liberté, en dehors du regard - et de la domination - des hommes].
c'est aussi une forme de résistance, "trouver son intérêt"
 - ou plutôt : y trouver un intérêt ! car ça ne veut pas dire que, du coup, ces personnes trouvent ça en soi mieux et y consentent, en toute liberté !



Il m'a répondu une dernière fois - une dernière fois parce que j'ai fait une crise d'urticaire, là, et j'ai arrêté ce jeu vain et stupide (nanmé).


Il ne me semble pas - une fois qu'on a "objective" comme tu dis ce que chacun fait ou ne fait pas - qu'il faille necessairement un partage equivalent de tout... Ce qui a mes yeux compte, c'est la conscience, ensuite le dialogue (ou le debat !), et enfin la capacite d'accords equilibres ou "d'accomodements raisonnables" (comme disent les Quebequois), et apprecies comme tels par chacun, en fonction de ses gouts. L'essentiel, c'est la lucidite et un equilibre global du chiant/pas chiant, mais tel que percu differemment par l'un et l'autre.
En effet, on est toujours conditionne, et même quand on le sait on ne perd pas pour autant sa structure de gouts et de comportements, en tous cas pas completement et pas totalement. Encore une fois, l'essentiel c'est de n'etre jamais une victime, même consentante...
Par ailleurs, sous la domination globale ("systemique") masculine, dont bien sur je conviens, je connais par experience personnelle mille dominations feminines. Comme disent les polititistes, la "force du faible" est toujours redoutable...

et moi, je reste avec mon urticaire. C'est malin.

(je sais pas bien ce que c'est que ce smiley mais yapa de smiley qui se gratte)
(c'est mal fait tout de même...)

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22 juillet 2009 3 22 /07 /juillet /2009 16:27
Mon père, il trempe sévère dans le sexisme - ouhla, ya pire, évidemment, ya pire...
N'empêche. Mon père, des fois, il frisotte la misogynie. Il eut frisé.
Il me les frise - il me les brise, des fois, des fois....

Hier, échange de mails entre lui et moi. On reste bonzamis. On "débat". (Si.)
Lui, content, la sensation d'avoir progressé, échangé, dans la confiance, sans aménité.
Moi : urticaire. Ca me gratte, ça me mange et me démange les cellules de la tête, de l'humeur, la peau du jour.
Ca m'énerve.

Pourquoi je dis que mon père trempe dedans ?
La façon dont il a toujours sexualisé les femmes, toutes les femmes, son regard sexuel - sexualisant - hétéronormé - masculin - chosifiant. Les commentaires qu'il ne cessait de faire - sur les femmes à la télé, dans la rue. (Souvenirs : on était abonnés au câble dans notre maison de 11 ans, il adorait regarder les défilés de mode, lui ma soeur moi devant la télé, et festival de remarques sur la plastique des nanas (les jambes en particulier : ah l'érotisme des jambes....) - ma soeur et moi, dans la gêne, un agacement, le sentiment diffus et confus qu'une violence nous était faite là, à nous).
Des femmes objectivées (par l'Art) sur tous nos murs.
De temps à autres, on essayait de lui faire comprendre que ce regard dont il nous faisait en permanence les témoins nous visait nous aussi, virtuellement, en tant que femmes : que sans le réaliser clairement, il parlait aussi de nous quand par son regard et ses mots il dépiéçait les nanas comme des poulets. Il ne l'a jamais compris.

Ensuite : la façon dont il use et abuse de l'adjectif "féminin", comme synonyme de tout ce qui est beaubienbon pour une femme, et plus généralement, dont il blinde l'imprenable barricade, le fossé aux crocodiles qui sépare les femmes des hommes - pardon : laFâme de l'Homme. Et, partant, la ribambelle d'attributs qu'il fourre dans les bras de lavraiefemme ou labellefemme, ribambelle mâtinée de ses habitus de classe.... fine, élégante, raffinée, discrète, nature, bliblablou.

Mon père, il voue un culte à l'art du milieu. Ni trop ni trop. AHHHHhhhhh, la juste mesure....

Mon père, il me prend depuis des années pour une hystérique. Je pense qu'il pense que depuis quelques temps, je deviens plus raisonnable. Je me calme. (En vérité je ne deviens rien du tout, j'ai juste jeté l'éponge à bon escient. La rage ne sert de rien contre un moulin à vent.)

Pour lui, je suis une romantique exaltée. Une extrêmiste. Un peu ridicule. Je pense en noir et blanc. Je n'ai aucune nuance. (Mon père, il vomit les années 70 et les gauchistes.)

Son grand truc, quand il est question de rapports de genre, c'est que les femmes sont complices, participent, le veulent bien - et attention il a plein d'exemples à nous donner.
La servitude volontaire - grande foutaise que cette théorie aérophage...

Les exemples irréfutables auxquels il s'accroche comme une moule :

1. son expérience, quand il était DRH - directeur du personnel dans une caisse de sécurité sociale.
Il t'explique - il l'a vu de ses yeux vu : quand il proposait des promotions à des femmes, souvent elles les refusaient, invoquant les charges à la maison, les enfants à s'occuper, etc. Donc : c'est bien elles qui ne veulent pas, qui se freinent d'elles-mêmes - elles sont responsables de leur situation d'éternelles subordonnées.

2. ma tante : j'ai eu droit un jour à un discours virulent sur sa petite personne - la femme du frère de mon papa. Qui a fait des études et avait un emploi quand mon oncle l'a rencontrée. Qui a arrêté de travailler quand elle a eu le premier de ses deux fils. Qui n'a jamais repris d'activité professionnelle. Qui s'est toujours occupé des gamins, de la maison, du ménage de la bouffe de tout ; avec un mari et deux fils yavait de grandes chances pour qu'elle soit pas bien aidée - de fait elle ne l'est pas. Mon père est outré qu'elle n'ait pas recommencé à travailler ; c'est une évidence : elle aurait pu, elle aurait dû, tout en aurait été transformé ; c'est sa faute. Et surtout : l'aigreur qu'elle peut parfois exprimer - devant le vide de sa vie, devant l'ennui qu'elle ressent, devant la passivité ménagère de ses hommes, tout cela est insupportable à mon père - puisqu'elle en est responsable !

3. un livre (l'a-t-il lu en entier ? sais pas) : l'Injustice ménagère, de François de Singly ; à force de m'en faire asséner des coups de massue, de ce bouquin, je vais finir par le lire en vrai ; mais a priori comme ça je n'en ressens même pas le besoin - pas besoin pour comprendre à quel point mon père le comprend mal.
La thèse qu'arbore mon père comme un étendard (je ne sais même pas si c'est la thèse principale ou centrale du bouquin, m'enfin c'est en tout état de cause l'une de thèses du bouquin) : les femmes et les hommes n'ont pas la même notion du propre et du sale, et pas le même seuil de tolérance. Donc quand des mecs font le ménage, les nanas trouvent que c'est toujours crado. So : soit elles repassent systémétiquement derrière et au final bossent toujours autant, soit au bout d'un moment elles disent au gars "vas-y laisse tomber vas jouer et laisse-moi faire tu fais ça comme un porchiot."
Situation que, pour ma part, je juge tout à fait vraisemblable, et sinon générale, du moins assez fréquente - je veux bien le croire, aucune objection.
Mais de la description de cet état de fait, mon père induit : donc c'est leur faute. Donc elles participent. Donc elles ont une part de responsabilité et tout n'est pas si simple et c'est pas noir et blanc et papati et patatouf et.....

Niveau zéro de la compréhension sociologique.

Devant toute assertion féministe mon père contre-attaque à base de "c'est pas si simple que ça !"
AHhhh la complexité du réel a bon dos...
Et moi, je me dis que c'est plutôt à lui qu'il faut expliquer que "tout n'est pas si simple"....

Qu'être féministe, ce n'est pas penser que les femmes sont les gentilles et les hommes les méchants et c'est tout....
Qu'on a un tout petit peu plus élaboré, comme concepts, pour penser le réel...
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14 mai 2009 4 14 /05 /mai /2009 07:00


Joyeux anniversaire ma grande soeur,
par ici la moisson du bonheur, rouge et fruitée...



(J'ai emprunté le sourire de madame Avril aux Moindres petites choses d'Anne Herbauts...)

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2 octobre 2007 2 02 /10 /octobre /2007 09:44


Puce est étonnamment agile de ses petits doigts. Elle en fait tout un tas de trucs, du haut de ses deux ans sept mois. Tout en précision, en retenant son souffle.

Drôlement dégourdie de tout le corps, en fait. Une footballeuse comme j'en ai rarement vue, avec son poids et sa taille de petit pois vert!  Une énergie à faire pâlir d'envie les plus grands sportifs ;-)

Elle prend depuis toute petite la place qu'on lui laisse, immense ; elle se loge, à l'aise, dans le silence détendu de ses parents.
Ses parents parlent peu, sont très tranquilles ; pas un silence d'angoisse, un calme juste là, posé. Puce occupe l'espace, sonore et visuel ; Puce remplit, mais sans anxiété, semble-t-il. Bébé, elle chantait en permanence ; à table, comme on n'avait pas grand grand chose à se dire, nous les adultes, dans sa chaise haute elle babillait en musique, pendant des heures.

Elle ne cherche pas à attirer le regard, elle l'a déjà, confiante ; excitée comme trois puces plus souvent qu'à son heure, elle ne manifeste pas de stress, ni d'inquiétude, ou rarement : elle occupe juste à grands cris la place qu'il lui semble depuis toujours légitime de prendre, son bon droit, son espace vierge dans le monde.

Petite tête déjà bien dure, pleine de mots, d'une énergie élastique, en permanente communication, en connection directe, attentive branchée sur l'attention des autres, en représentation, sûre d'elle.

Elle a des virements d'humeur, fait des caprices ; elle boude, ou plutôt se met en scène boudant, mais tout cela sans inquiétude - juste pour jouer son personnage, dans toute sa largeur ; elle a drôlement besoin de quelque chose qui tienne devant elle : et ses parents tiennent.

C'est un petit ressort qui se marre.

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28 septembre 2007 5 28 /09 /septembre /2007 17:18

Ma grand-mère n'aime pas les enfants, tout simplement.

Bon, c'est pas une tare hein.

Mais ça résonne tellement sur mes propres souvenirs d'enfance - pas traumatisée par ma grand-mère, non allez, elle ne m'a pas suffisamment gardée pour cela (merci mon dieu) - seulement, piquée de souvenirs tout nuls, avec elle, souvenirs froids, souvenirs tendus, souvenirs compliqués. Heureusement, il y avait l'autour-de-ma-grand-mère, et son petit capital : le jardin, les arbres, les lapins dans les clappiers. De chouettes souvenirs. Quand on jouait aux Indiens dans le grand trou de terre sous les sapins. Mais des souvenirs avec ma grand-mère ? Des souvenirs neutres, ou mauvais ; des souvenirs qui picotent, pas douloureux, mais pas tendres ; âcres.
Je sais par la bouche de ma mère qu'avoir ma grand-mère comme mère ne fut pas une sinécure, et je veux bien le croire.

Ma grand-mère n'aime pas les enfants.
C'est sale, ça bouge, ça crie, ça dérange tout, son petit monde de poupée. C'est pénible. Et ça attire l'attention - ça détourne l'attention, ça la prive d'une partie de sa lumière.

Ma grand-mère ne sait pas comment faire avec des enfants. Elle ne sait pas comment les prendre, comment leur parler, quoi faire - de petits animaux étranges au langage mystérieux. Ca la laisse interdite. Ca la fatigue. Seuls l'intéressent les enfants qui ressemblent à des adultes.
Pour Puce, faudra attendre un peu. Et j'espère qu'il faudra attendre toujours.

Elle ne sait pas créer de lien avec un enfant.
De quelque sorte qu'il soit.

Alors quand elle me sort sa théorie de l'attachement, comme quoi moi, elle m'aurait vue grandir, elle s'est occupée de moi... comme de ma soeur Prune, alors qu'Elias non - alors c'est pas pareil, et... et là je sens qu'elle crève d'envie de me sortir des méchancetés sur Elias, et qu'il lui a fait du bobo, et qu'il est pas gentil avec elle, et qu'en plus il a fait des études courtes, et qu'il regarde beaucoup la télé, et Chérie elle est hostile.... et je prends mon air le plus détaché et le moins compréhensif qui soit, pour faire barrage, pour bien qu'elle comprenne que ses litanies sur Elias que-ça-fait-du-bien de les vomir, de me les sortir à moi, pour ensuite aller faire la même chose sur moi auprès de quelqu'un d'autre, ça marche pas.

Avec sa manie des camps vaseuse, son fonctionnement perpétuel à base de camps, et bien je me range : je suis dans le camp d'Elias.

Je crève d'envie de lui expliquer que son attachement, elle l'a inventé, qu'elle ne s'est jamais occupée de moi, que je n'ai aucun bon souvenir avec elle, qu'elle m'emmerde.


Elle réécrit l'histoire. Elle joue les sentiments.  Elle met en scène sa vie et son personnage. Elle se ment.
Qui est duppe ?


C'est terrible de faire semblant d'aimer les gens.
Elle ne connaît pas un seul ongle de moi.

Son ego dur comme une tôle en zinc m'indiffère.  M'oppresse.

La mousse mielleuse de mots tout cuits galopant sur le roc de sa misanthropie. Du bluff, rien que du bluff.

Je regrette, parfois, que mon autre grand-mère soit déjà partie. La blanche, la grosse, l'ouvrière.
Le revers de celle-ci, avec ses grands yeux bleus à l'eau de javel.


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27 septembre 2007 4 27 /09 /septembre /2007 13:34

Je suis revenue dimanche dernier d'un voyage au coeur de la famille. Cinq jours chez ma grand-mère dans le Sud-Ouest, avec mon frère, sa chérie, et ma petite nièce, qui est aussi ma filleule.
D'où je ramène deux portraits.
Que je voudrais griffonnailler ici armée de ma maladresse.

Le portrait de deux bonnes femmes, l'une de soixante-dix-sept ans, l'autre de deux et demi.
Une arrière-grand-mère et son arrière-petite-fille.

Et je ne vous ferai pas le plan de la ressemblance étonnante, de la vie qui pétille dans les deux, et du souffle des générations.

On me dit que Puce peut-être ressemble à son autre arrière-grand-mère.
Moi, je ne la connais pas.


Ma grand-mère.

A force de la regarder, je l'ai disséquée. Pour tenir aussi, pour alimenter le rempart dans ma tête, j'occupais mes esprits : je me suis mise en mode "j'analyse" pour la regarder comme un petit insecte qui se débat, et n'être pas atteinte. Par tout ce qui chez elle m'insupporte.

J'aurais pu faire un Power Point de ma grand-mère et je l'aurais structuré en quatre parties : les trois traits fondamentaux de sa personnalité, et le dernier né, venu avec sa vieillesse et la conscience de sa vieillesse.

Ses trois fils à nouer :

- la haute estime de soi ;
- la froideur ;
- les tendances paranoïaques.
 
Le dernier né :

- le jeu de l'affectivité, miel-sucre.
Visqueux, niaiseux, rhétorique.

La haute estime de soi : aristocratique.

Quand j'étais petite on allait déjeuner chez mes grand-parents le dimanche. Ils habitaient dans un château, avec des domestiques ; une dame nous servait à table habillée en soubrette ; les porte-PQ dans les chiottes étaient en forme de dragons, et d'énormes lustres pendaient au plafond. Ils faisaient de la chasse à cour, et les murs étaient couverts de croûtes représentant des scènes de chasse, de pattes et de têtes d'animaux empaillés. Il y avait un sauna. Des moquettes énormes, des tapis, de vieilles horloges. Des chambres à n'en plus finir. Du rouge à lèvre et des manteaux de fourrure.

Ma grand-mère a fait des voyages. Des études.
Ils avaient un bateau à la Grande-Motte. Ils allaient à Deauville.

Et la semaine dernière elle opposait "les gens simples" aux "classes un peu évoluées".


Elle ressent en permanence le besoin de se congratuler sur sa taille fine, le beaucoup qu'elle marche et le peu qu'elle mange. Le peu qu'elle mange, surtout. En boucle.
Et toujours, en dévalorisant les autres.
Que les autres sont gros, que les autres sont laids, que les autres sont paresseux.

Elle n'a que des amis plus jeunes qu'elle, parce qu'avec les gens de son âge, "elle s'ennuie". Elle rabâche sans fin jour après jour les ficelles de son régime alimentaire.
Et raconte avec joie ses amis qui mangent trop.

Et ils me disent : "Mais comment tu fais Suzie pour rester aussi mince ! Et je leur dis..."
("vous n'avez qu'à vous bouger le derrière" - sic).

Mettre sa chaussure sur le nez des autres : c'est important. A plus ou moins grande échelle.

Petite échelle : gloser sur mon frère et sa chérie.
Elias aurait fait "des études courtes" (soupçon de mépris dans sa voix) : j'avoue, juste pour le plaisir de la contre-dire et de la faire chier, je lui rappelle qu'il sera bientôt bac + 5, ce qui ne correspond pas franchement à des "études courtes".

Elle ne supporte pas qu'on la contre-dise, pour le principe ; là encore moins : je valorisais quelqu'un, et ce contre son opération de dévalorisation - "non mais ça veut rien dire ça, bac + 5, c'est des études pratiques c'est tout, etc."
Et d'enchaîner avec délice "Machin, qui elle est aide-soignante, parce que Chérie-d'Elias elle elle n'est pas aide-soignante hein elle n'a pas le concours, ..."

.....

Grande échelle :
Les horreurs qu'elle vomit sur l'une des petites-filles de son compagnon (petits-enfants qu'il ne voit pour ainsi dire plus depuis qu'il est avec elle, cherchez l'erreur).

13 ans. (Elle en parlait déjà comme ça quand elle en avait la moitié.)
Elle est grosse. Elle est paresseuse. Elle ne fait rien. Elle n'aime que manger . Et regarder la télé. Et elle ne mange que des choses sucrées : du coca, des gâteaux...
"DANS L'ETAT OU ELLE EST" (le ton dans la voix, un serpent de sueur froide qui me descend dans le dos).

Et sa soeur (jumelle), "filiforme, elle c'est les strings et les pantalons taille basse, la star académie".

"Comme disait sa mère au téléphone l'autre jour à C., elle pourra toujours faire femme de ménage à la maison de retraite !"
(A-t-elle vraiment dit ça ?... Peut-être même devant la gamine ?...)


"Moi je sais pourquoi N. elle veut pas arrêter de fumer... Elle a peur de grossir, et comme elle est déjà grosse !" (Jubilation de ma grand-mère en prononçant ces mots.)


 
La froideur.

On l'a compris avec tout ce que je viens de rapporter. Ce n'est déjà plus de la froideur, c'est de la méchanceté.

Mais la froideur, aussi.

Et ma stupeur, en voyant, pour la première fois, ma grand-mère devant son arrière-petite fille : rien. Rien à voir. Le vide. Le nul.
Ma grand-mère reste de glace.
Pas concernée, absente, invisible, transparente, renfrognée, poussée  par elle-même dans un coin du cadre, dans l'arrière-arrière fond du champ.
Elle n'interagit ABSOLUMENT pas avec Puce. Rien.
Elle ne lui parle pas, elle ne va pas vers elle, elle la regarde à peine, son regard n'est pas là, il est vide. Elle semble désemparée, tue.
Mieux : les pitreries de Puce (et dieu sait qu'elle en produit, par valises) la laissent de marbre - masque de cire sur ses traits tout froncés.

Le premier jour, ça m'est apparu comme une évidence (et je n'en croyais pas mes yeux) : elle était jalouse de Puce. Bien sûr, c'était Puce le centre du monde là-bas ; et plus encore le centre de mon monde ! (Mauvaise que j'étais - si elle avait pu le deviner : je n'étais venue que pour Puce...)
C'est à elle que je voulais parler, avec elle que je voulais jouer, elle que je voulais connaître ; elle qui venait me chercher partout où ma grand-mère m'attirait, à elle, dans les coins de la maison - Puce qui criait : "Où l'est tata ? Mien tata ! Mien !"
Et moi toujours j'arborais le sourire contri au milieu de la phrase de ma grand-mère, et par dessus son récit à elle, je répondais à Puce.

Ce n'est pas que ça l'énervait. Non.
Ca la plongeait dans un désespoir morbide.
Elle prenait son masque de persécution.
Elle était au fond du fond du plus pur chagrin.
Abandonnée, délaissée.

Bouffée par une petite fille de deux ans.
Et oui, pour cette fois, c'est elle qui était mangée.
(Avec ma complicité ;)  )


Je reviens à la froideur.
La dureté. L'absence totale de sympathie (vraie) pour le genre humain.

Nombrilisme. Glorification de soi, dure comme du silex, que l'on rapporte sans cesse aux autres.

Le visage impassible, mort, sans aucune expression, qu'elle tend vers Puce, tranche tellement avec le discours qu'elle tient : tout de sucre et de miel, tout d'affectif et d'émotion, sur la famille, les enfants, "son arrière-petite-fille".
Je n'avais eu jusqu'à présent que le discours, sur Puce ; j'ai vu à présent le réel - et le vide ; le gouffre entre les deux me stupéfait.

Ses mauvaises tendances paranoïaques.

On ne l'aime jamais à sa juste valeur. On ne l'aime jamais ? On ne s'occupe jamais assez d'elle.
Elle a tant souffert. Elle a tellement pas de chance.

"Chérie-d'Elias, elle est hostile, je le sens moi ces choses-là... Je sais pas ce qu'il a pu lui raconter, Elias ! Ou ce qu'elle a pu entendre chez maman... Je me méfie moi hein !"
"De toutes façons moi je vais te dire, les pièces rapportées, ça reste des pièces rapportées ; c'est pas comme les liens du sang..."
"Oui ben la famille de Chérie-d'Elias elle fait comme ça, alors moi au moins je le dis !"
( ?? Famille de Chérie-d'Elias est la plus chaleureuse et accueillante qu'il soit...)

Chaque fois qu'on la contre-dit, elle prend son air de persécutée ; et comme je la supporte difficilement sur la durée, et que ça se voit, avec moi elle finit par arborer en permanence son masque de persécutée...


La suite demain ;-))

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15 mai 2006 1 15 /05 /mai /2006 08:20


Imprégnation lente, précoce et longue de son rapport au monde. De son être-au-monde, qui est jugement presque jamais suspendu. J’étais avec lui, je lui donnais la main et nous arpentions Paris. Il me montrait le monde à son image. Nous allions au cinéma de l’Action Ecole. Nous remontions les rues en léchant les vitrines. Nous regardions les bibelots derrière les glaces. Il me parlait des gens. Des règles de la vie, comment s’organisait le monde des humains. On regardait les passants. Dans ma mémoire, ces souvenirs sont paisibles. Le feu ne brûlait pas dans mes oreilles. Je ne cherchais pas à lutter contre lui, j’essayais de me calquer maladroitement sur sa personne. J’apprenais. Je fronçais les sourcils. Je me souviens d’un travail long, patient, entêté, attentif, pour retenir dans mon cerveau d’enfant le foisonnement de ces données. J’aimais être avec lui. J’aimais qu’il s’occupe de moi. Nous étions complices. J’étais le double de son regard. Je me haussais à la hauteur de ses regards, je tentais de voir par ses yeux. Je voulais comprendre comme lui. Il classait le monde, et je voulais être là pour entendre. Je prenais note au profond de moi. J’essayais de percer les mystères du bon goût. Du ridicule. Du juste. Du raté.

Papa a essayé de me faire à son image (non pas de me rendre comme lui, mais de me faire à l’image qu’il avait de mon moi grandi). J’ai du mal à lui jeter la pierre. Je me suis surprise à m’imaginer, moi aussi, façonnant un morceau de conscience livré dans un corps de marmot. Un tout petit enfant qui ne sait rien, qui a tant de questions, et à qui on peut expliquer le monde tel qu’il est – pour nous. Le risque d’écraser sa conscience est grand. Je pense que pendant longtemps le rapport de mon père au monde a été, de façon préférentielle, un rapport de domination. Avant de parler de pouvoir sur moi, je parle de la domination qu’il voulait établir sur les choses.

Nos deux regards ont cessé de se fondre. Je me suis un peu décalée. J’étais une enfant, j’étais son enfant, j’étais une femme. Je me suis séparée de lui, juste un peu. Je me suis faite prendre dans la glu du monde. J’ai compris que j’étais aussi dans le monde, et que j’étais aussi l’objet de son regard.
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9 avril 2006 7 09 /04 /avril /2006 09:11

   

Une histoire de grande et de petite sœurs.

  Avril et moi.

 

1.       La grande sœur.

 La loi, la droiture, les charges à assumer sérieusement, le travail, l’excellence,

                               l’à-la-hauteur, la responsabilité, l’adultise.

 
 

2.       Le petit machin.

 La révolte et le rire. La dérision, la rage. Le fouillis. La désobéissance.
   
    La fête. La déviance.


 
                                                          La présomption.

                       -          l’arrogance.

                                                       Un paravent et un mur.

 


 
 

 

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19 décembre 2005 1 19 /12 /décembre /2005 14:51



Elle dit : « C’est comme s’il ne pouvait jamais s’arrêter, se reposer, contempler ses lauriers. Rien jamais ne suffit. L’excellence est sans fond. Au boulot, en photos, en discours, en art, en musique, en voyages, en longueurs à la piscine. Entre le meilleur et le dernier, entre le milieu et le meilleur, entre le sabre et le fouet, qui tire, qui tire, tentative évidée, souffle rompu, rondeur creusée, cri. »

 Entre les marres à tourterelles du Champs de Mars, les chaussures Lassance dans les chaussettes Berlington ; la tarte aux pommes de chez Poilâne (son flan jaune et joufflu) et les glaces Bertillon ; acérés les ciseaux de Maniatis. Porter des pantalons à élastiques et sortir au Divan du Monde, troquer l’opéra contre les CD d’Outkast.

 

 Elle dit : « La colère ne vient plus, la violence a fondu, le caramel de mon hébétude colle. Quelque chose a trébuché et s’est effondré, je regarde, débile. La rage est morte et trempe dans sa peine. Je nage. Lourde. »

 Elle dit  je fais semblant, de me mettre en colère, de crier, de rouler des yeux jaunes et d’agiter mes cheveux électriques. « Les maximonstres roulaient des yeux terribles, ils poussaient de terribles cris, ils faisaient grincer leurs terribles crocs et ils dressaient vers Max leurs terribles griffes. »

 

 
                         Je me détourne et ris sous cape.

 
 

 

Mon père était une montagne, immense, effrayante, inébranlable. Je le harcelais de mes bouts d’épingles dérisoires. Je relevais toutes ses fautes de français. Dans ses tirades les inexactitudes variantes exagérations contradictions, déplacements d’une moitié de mot et généralisations intempestives, tout ce que je trouvais, je pistais, j’étais à l’affût, le nez au vent comme un terrier la truffe dans la poussière, je cherchais, je listais, j’archivais ; tout - les sujets à caution et sujets à sourire, les ironies d’un jour et incohérences du lendemain, j’en tenais le registre.


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