Salut les gens. Petits gens, grands gens, gens verts, gens bleus... Désolée de m'être dissimulée si longtemps derrière mon arbre. Je remontre juste un cheveu pour faire vite fait - "coucou" - mais je ne sais pas ce qu'il adviendra de ce coucou dans le long terme... (Je vais peut-être me faire pousser le cheveu.)
Pas trop envie de raconter ma vie, alors j'en reviens à mon dada préféré. (Hé.)
Il y a quelque temps, j'ai participé à une formation pour bibliothécaires sur le thème "la presse pour les jeunes" ; c'était plutôt sympa. Toute une journée, sur les trois, était consacrée à la "
presse pour les filles". Mes méninges ont tourné tout du long comme un essore-à-salade.
Des questions se pressent à mon cerveau, un peu comme le peuple à la station Saint-Lazare le matin sur la ligne 3...
Est-ce que tout ce qui étiquette les filles comme filles et les garçons comme garçons, tout ce qui construit les filles comme filles et les filles comme garçons, est intrinsèquement oppressif et doit être combattu ?
Pourquoi les petites filles courent-elles dans leur grande majorité après les produits explicitement marqués "filles" (de même pour les garçons) ?
Comment construire les personnages (et leur sexe) dans la presse et la littérature pour les enfants ?
(et pour les adultes ?)
Et aussi : que faire ???
L'attrait pour les enfants des produits marqués sexuellement est assez déstabilisant.
On édite ainsi des magazines "spécial filles", et ça marche du tonnerre. L'enrobage joue un rôle essentiel : si c'est rose elles se l'arrachent. (Et je pense à Puce, ma micro-nièce, et à sa collection de robes roses, jupes roses, culottes roses, et autres trousses Charlotte aux fraises. Super formatée nana. Elle hurle pour avoir sa panoplie "spécial fille" ; ça l'intéresse si ça cause de princesses ou fariboles du style.)
Evidemment, c'est relatif et changeant ; tous nos bambin-e-s ne courent pas de la même façon ; l'entourage proche de l'enfant joue un rôle essentiel : les parents de Puce la poussent certainement et l'ont poussée de ce côté, en lui proposant ces objets, en les valorisant, en les préférant ostensiblement à d'autres moins genrés, et en valorisant Puce elle-même, toutes les fois qu'elle se conformait à son rôle de poupée adorable (et rose). L'entourage moins proche joue également ; enfin l'enfant est pris dans des réseaux de relations, et tous les enfants ne réclament pas avec le même enthousiasme les produits "filles" / "garçons".
Mais de façon majoritaire : ça marche. On estampille bien clairement un produit "fille" ou "garçon", et les enfants le réclament. Ceci branché sur la logique marchande, et hop. On estampille, on marque, on différencie.
Parfois, l'enrobage du machin est juste extérieur, ou presque. Le magazine Les p'tites Princesses est une sorte de J'aime lire pour les filles ("de 5 à 8 ans") ; la couverture est invariablement rose, le titre sexuellement marqué, et il est explicitement indiqué sur le bandeau que ce magazine s'adresse aux filles. Au-delà de ça, le contenu paraît, au premier abord en tout cas, relativement neutre du point de vue du genre.
Le marquage de genre servirait juste à attirer, capter par la couverture.
Un intérêt manifeste et quelques réserves :
- l'intérêt : si le contenu est de qualité, ça peut être un moyen de faire accéder plus de filles à ce machin (de la culture, de la lecture, du loisir) : si l'on part du principe que s'il n'existe que des trucs neutres, ce sera en majorité acheté pour des garçons. Cela vaut d'autant plus historiquement : dans l'entre-deux-guerre, certains journaux étaient édités pour les enfants, sexuellement différenciés - il existait un journal pour les filles et son pendant pour les garçons - et de grande qualité, ne véhiculant (j'avoue que cela m'a surprise, moi qui m'attendais à un tissu d'horreurs) que très peu voire pas de stéréotypes sexistes (ils étaient en particulier édités par le PCF). On peut vraisemblablement penser que s'il n'y avait eu qu'un seul journal, pour "les enfants en général", il aurait été en grande majorité acheté pour des petits garçons. En éditer un spécifiquement destiné aux filles a sans doute permis d'augmenter le nombre des fillettes qui ont pu lire ces bandes dessinées, nouvelles du monde et autres méthodes de bricolage (même si elles sont restées peu nombreuses...)
- des réserves sur mon exemple contemporain et ces P'tites princesses - la princesse reste une référence peu progressiste (et je pense qu'en éfeuillant avec un peu plus de rigueur le dit magazine on trouverait maintes inclinations sexistes) ;
en fait il faudrait une accroche de couverture (rose), et en dehors de ça, exactement le même contenu que les magazines neutres ou pour garçons
[pour avoir à la fois un contenu qui ne serait pas "sexiste-parce-qu'adressé-aux filles" (il resterait bien sûr sexiste pour d'autres raisons), et pour éviter le cantonnement des filles à
un contenu, qui leur cacherait le reste : qu'elles ne lisent pas la même chose que les autres / ne partagent pas ces références]
mais encore : on continuerait à entretenir la dichotomie de genre / réactiver sans cesse cette identification en tant que fille / que garçon... non non décidément ça ne va pas.
Et puis, pour les autres magazines / produits sexuellement marqués - je veux dire quand le marquage du contenu est effectif : c'est la cata
(voir
ici - j'avais écrit ça en 2005 - wouah ça fait longtemps... - et puis aussi
là).
Qu'est-ce qui peut-être "marqué fille" / "marqué garçon" sans être sexiste ?
Je cherche.
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Ca pourrait juste être que les personnages soient (tous ou majoritairement, ou les personnages principaux) des filles / des garçons ? Les filles sont habituées à s'identifier avec des personnages masculins, elles le font depuis toujours et tout le temps ; puisque les personnages sont dans leur grande majorité masculins, et que les personnages "neutres" (un lapin, un ours...) sont masculins (Trotro, Léo, Petit ours brun sont tous au masculin - les bébés filles exercent leur capacité d'identification au masculin dès les couches - cela ne leur pose pas de problème.) Qu'un garçon refuse de lire des histoires mettant en scène des personnages féminins, ou qu'on lui propose préférentiellement des histoires de héros masculins, du coup ?... non, c'est sexiste.
Bon bah ça va pas alors.
Je cherche encore.
(Et si on éditait un magazine pour les petites filles au contenu féministe ? quelle tête il aurait ?
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(Bon, je continue dans mon Questions fantaisistes - 2 - la prochaine ! parce que c'est déjà trop long....)
(parfois, il manque des mots. Non non ce n'est pas parce que je les oublie. Je trouve juste ça plus épatant.)
(Eh oui c'est comme ça je fais mon originale. C'est mon terrain de play time après tout.)