750 grammes
Tous nos blogs cuisine Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

La Capuche

  • : le bonhomme capuche
  • : Epicerie à bricoles. Collages en stock, phrases à tiroirs, anecdotes nocturnes et papillons.
  • Contact

 

blablabla, blablabla, bla,

 Marseille, blabla, Rouen blablablabla Paris.

Lyon blablablabla.


et des blablas rouges aussi

(des fois).

 

une tasse de thé ?

Bienvenue sur mon blog !




 

Dans Le Fond De Ma Capuche

20 octobre 2005 4 20 /10 /octobre /2005 09:31
 

Plaquer sur le clavier le caca qui foisonne depuis quelques jours en mon esprit. Ma gageure du matin. La mince affaire.

 
Où il est question de merde, bouse, caca et dégueulis pour se donner du cœur à l’ouvrage ; comme l’écrit Sfar : « Celui qui est pas très intelligent, là, et qui aime le caca, c’est Marguerite. ».

 
Je vais commencer hier. Je suis sortie pour aérer le dit caca malencontreusement – et douloureusement – coincé entre mes deux oreilles. Pancho mauve rayé sur les épaules, droit d’vant, jusqu’au point d’horizon – ou pas vraiment : jusqu’aux rues qui puent le gasoil et le boucan des marteaux piqueurs ; renfrognée, l’œil sur le trottoir. Je marchais pour réfléchir, ou je réfléchissais pour tenir. Rue de la République – le bon trottoir, celui de gauche ; Canebière, rue Saint-Ferréol. Je passe derrière la préfecture. Là, devant la boutique de Graffigros, deux gamins, l’un un peu plus grand que l’autre, peut-être 12 et 14 ans. Ils me lancent « charmante hein, vous êtes charmante » ; deux blaireaux quoi, mais deux blaireaux jeunes, alors ça m’a presque fait rire, parce que je leur trouvais un air vaguement ridicule, du haut de leurs 1m40 ; limite (20%) je les aurais trouvés attendrissants – des bébés en joggings. C’est sûrement là que j’ai dérapé : au lieu  de faire ce que toujours je fais dans pareil cas, encaisser - boucher mes oreilles – fixer devant moi – tracer, je les ai regardés. Et pas avec l’air du pit-bull aux mâchoires serrées que je joue parfois, nan, avec une tête de conne, amusée, gentille - molle.

 
 
Là le plus petit des deux s’est avancé, le visage tordu de rire rentré, et il a gueulé :
« excuse-moi madame je peux te péter le cul ? »

 

Difficile de retranscrire ici l’effet que m’a fait et que me fait encore cette phrase, ce cri. L’impression qu’en plein soleil et sur le devant d’une scène ouverte à tous vents on m’arrachait mes vêtements et qu’on me massacrait d’un coup brûlant tellement violent qu’il ne restait plus de des morceaux obscènes de sang.

 
Ce n’est pas avec le simple de caca de Marguerite que je peux expliquer ici ce qui s’est passé à l’intérieur de moi à cet instant. L’envie de pleurer, et de frapper, tout en sentant que frapper, on m’avait pas appris, et que je saurais pas faire.

 
  Parce que c’étaient des gamins, des petits garçons, j’ai eu le petit courage de lever bien haut et pendant longtemps mon majeur dans leur direction. J’ai continué à marcher, à peine plus vite. J’étais déjà de l’autre côté. Vaguement fière – pauvre petite fierté – d’avoir fait un gros doigt, comme j’avais vu Bérénice le faire un jour ; et en même temps tout autant saccagée.

 
  Le long de la grille de la préfecture, je marchais en regardant par terre ; des pas derrière moi c’était un homme qui marchait, et d’un coup j’ai eu peur, peur de lui. D’un coup j’avais peur de tout, de tous, de tous les mâles de cette ville ; le besoin impérieux de fuir, me planquer, me soustraire à leur menaçante présence partout dans les rues, rentrer, fermer tous les verrous, ne plus jamais ressortir, me mettre en boule, calfeutrer les portes et les fenêtres. La peur.

 
J’ai essayé de me raisonner, ou plutôt de ne plus penser, et j’ai continué à marcher. Rue de Rome.


 
Puis j’ai pensé au petit Clément, je me suis demandé si un jour il gueulerait « je vais te péter le cul » à une femme dans la rue, une jeune, une vieille. J’ai pensé que je pourrais avoir un fils, et qu’un jour il pourrait gueuler les mêmes mots et massacrer une autre fille. J’ai pensé qu’il n’y avait pas d’issue. J’ai pensé à la fille nue sur son lit de tomates le cul en l’air comme un cochon que Bérénice avait découvert sur le site de son fils.

 

J’ai pensé que ces deux gamins voulaient juste être les plus forts les plus drôles les plus subversifs et les plus virils. Que ce n’était sûrement pas l’esprit maléfique du Mal absolu de Satan fourchu-cornu à l’odeur de vieux carbone qui les possédait quand ils gueulaient qu’ils voulaient me péter le cul. J’ai pensé que tout avait une raison.

 

 
Je me disais tout ça, mais en tache de fond mon cerveau ne faisait qu’une chose, avec acharnement : chercher un moyen d’échapper.

 

 
Echapper à cette moitié de l’humanité qui voulait me péter le cul.

 

 

« Le 8 mars 1976, pour célébrer la Journée internationale de la femme, un "Tribunal international des crimes contre les femmes" se réunit à Bruxelles. […] Le problème du viol occupa dans les débats une place particulière. Les organisateurs de la conférence attirèrent l’attention sur ses implications politiques : « le viol apparaît clairement comme une tactique terroriste utilisée par certains hommes, qui sert à perpétuer le pouvoir de tous les hommes sur les femmes », concluait le rapport final. » Yasmine Ergas, « Le Sujet Femme. Le Féminisme des années 60-80 ». (pp.689-690)

 
Partager cet article
Repost0

commentaires