750 grammes
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La Capuche

  • : le bonhomme capuche
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et des blablas rouges aussi

(des fois).

 

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Dans Le Fond De Ma Capuche

31 août 2009 1 31 /08 /août /2009 08:19
J'ai fini de lire Fruits Basket.
.......................
Je savais que ça devait arriver...
J'avais bien essayé de m'y préparer...
Psychologiquement parlant.
....................

Et pourtant...

Ces petits machins sautillants de bonshommes et bonnes femmes me manquent.
J'me sens toute creuse à l'intérieur.


(Un peu comme quelqu'un à qui on aurait enlevé sa thèse ?... okay j'arrête (la nana qui faisait des private joke à personne)).

Il semble de Natsuki avait prévu le syndrôme de manque post-immersion dans FB : après le 23e et dernier tome, pour éponger la sueur de sa compulsion, on peut agripper (compulsivement) le "fan book". Drôle de machin que ce petit bouquin.
Des diagrammes, des frises chronologiques, des pages et des pages de détails sur les personnages, bulles et citations à l'appui ; une interview (très chouette) de l'auteure, les résultats de sondages trop marrants auprès du lectorat japonais (répliques préférées, looks préférés, scènes romantiques préférées, meilleures scènes comiques, scènes touchantes préférées, couples préférés et enfin vote de popularité pour classer tous les personnages - ça m'amuse énormément) ; des tests de personnalités : "évaluez la part de Shiguré qui est en vous" etc.

J'aime beaucoup l'interview de Natsuki Takaya. Les questions sont pour une (grande) part posées par des lectrices et lecteurs ; ils interrogent Natsuki sur la vie des personnages comme si c'étaient de vraies personnes, avec un vrai passé, une vérité historique en quelque sorte - et les questions qu'ils posent sur l'auteure elle-même et sa vie sont à la fois concrètes et fantaisistes.
J'adore la façon dont Natsuki parle de son oeuvre, et de ses bonhommes.

"* Q 1 : Mis à part les douze maudits, les prénoms des autres personnages ont-ils une signification particulière ?
Non, ce que j'ai fait avec les prénoms des douze était exceptionnel. D'habitude, je choisis les prénoms de mes personnages au feeling, une fois leur caractère et leur physique définis. Parfois, pour contrebalancer le caractère très féminin de certains de mes personnages filles, je leur donne exprès un prénom masculin, comme c'est le cas pour Tohru. Il m'arrive aussi de revenir sur mon choix initial, c'est ce qui s'est passé avec Kakéru. Il ne s'appelait pas Manabe au départ puis, un soir, alors que je venais d'écrire un premier script dans la journée, je l'ai entendu crier dans ma tête : "la vraie casserole s'envole ! "  ;p - et voilà comment s'est décidé le nom de famille de Kakéru."

Petite note : "Le nom Manabe est composé de deux idéogrammes, "ma" qui signifie "véritable" et "nabe" qui veut dire "casserole, poêle".

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23 août 2009 7 23 /08 /août /2009 19:38
Je me suis posée cette question tout à l'heure, en relevant furtivement la tête entre deux pages englouties, dans le métro, comme une héroïnomane sous perf' avec mes tomes qui s'empilent au pied de mon lit...
Pourquoi j'aime autant ? pourquoi ça me fait cet effet-là ??

Parce que, c'est vrai, toute blague à part - c'est pas une oeuvre d'art ce machin. Est-ce seulement une bizarrerie ? Je ne sais pas. Ca me donne envie de chercher si des choses ont été écrites dessus - sur des sites, des blogs, dans la presse... Qui lit ça en France ? au Japon ? Suis-je vraiment une OVNI ?

J'ai bientôt 32 ans. Je suis une grande fille.

C'est vrai que parfois, c'est niais. C'est vrai aussi que les dessins répondent à toutes les idées que l'on se fait du niaiseux. C'est vrai que tous les personnages se ressemblent, et ressemblent à énormément d'autres personnages de mangas - tous ceux, peut-être, dessinés ainsi rapidement, selon les codes du manga, avec leurs grands yeux, cette expressivité figée. C'est vrai qu'ils se découpent fréquemment sur fonds de pétales de fleurs qui s'envolent, sur fonds de... Oui, c'est du "manga pour filles". C'est du manga pour teenagers.
Et oui, Tohru, l'héroïne (et mon héroïne) passe son temps à faire le ménage et la cuisine pour une bande de mecs. Et elle adore ça, en demande et en redemande, et se réalise pleinement au milieu de ses piles de linge et de ses casseroles. Alors, pourquoi je hurle pas ? pourquoi je scotche comme une méduse à ce machin, en papillonnant des cils ??

C'est quoi qui me plaît ? ça fait plus que me plaire en fait : ça me fait du bien.

Alors... Je pose ma perplexité sur la table et je l'ausculte - j'essaie de comprendre.

D'abord, ça me fait rire. Mais rire pour de vrai hein - pas sourire, et pas rire intérieurement : je glousse pour de vrai, toute seule, mon bouquin entre les mains (je crois pas que ça me soit jamais arrivé avec d'autres livres). J'adore les codes des mangas : les bonshommes qui hurlent, les ruptures dans le dessin - ces passages du réaliste au schématique -, les yeux en spirales, le côté outrancier, délirant - le monde qui ne se prend pas au sérieux, j'adore ça. (Faudrait que je scanne des petits exemples, là ; je vous ferai ça tout bientôt :~]  - vous allez adorer...)

Ensuite, l'effet "série" marche à plein boulon ( ? ) : les personnages, à force de peupler les pages, m'habitent : je les connais, c'est des potes à moi ; je veux connaître leur vie et les suivre partout. (Moi j'aime beaucoup Kyo et Shigure. Saki aussi, et Momiji bien sûr. Bref ;p).
Bon, mais ça, ça ne fonctionne pas sur moi avec tous les mangas (j'ai testé) : c'est que ceux-là sont (je trouve) de vrais personnages, ou au moins des personnages suffisamment originaux, et de là intéressants ; ça peut sembler surprenant, vu l'aspect du machin (les dessins, le public cible) - mais pour moi ce ne sont pas des clichés, des coquilles vides. Ils sont étranges, et assez forts.

Mais aussi, le coeur de ce qu'est Fruits Basket : ce côté niaiseux, ou ce qui est rejeté par la plupart comme niaiseux, me parle. C'est sans doute ça le plus bizarre, et que j'ai du mal à expliquer et faire partager aux gens. Tohru est gentille. Elle sauve les autres par sa gentillesse. Moi aussi, en réalité, j'ai tendance vouloir appréhender le monde (en partie) via cette force-là, qui n'est pas aussi creuse qu'elle en a l'air.
Les personnages sont en permanence dans l'introspection, très souvent dans la souffrance ; la plupart sont dans un effort pour s'améliorer. Selon une norme assez simple : plus de gentillesse, plus de présence aux autres.

Finalement, je ne trouve pas cela nul. Est-ce que c'est simpliste ? Peut-être.
???

Ben je vais vous dire, j'ai toujours pas bien compris pourquoi j'aime autant le Panier de fruits.
Parfois peut-être faut pas chercher. Juste profiter.


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16 août 2009 7 16 /08 /août /2009 12:02
Voilà bien longtemps que je n'ai pas écrit ici.
J'aurais pu vous raconter... tellement de choses futiles.

Vous parler de la passion dévorante pour les mangas qui m'a sauté dessus sans prévenir depuis quelques semaines.
'fin, j'écris "les mangas", mais la vérité, c'est qu'il n'y en a qu'un, auquel j'adhère comme une pâte de coin, que je traîne partout avec moi comme un doudou - qui me porte et me supporte... Je redécouvre avec bonheur le pouvoir transportant de ces petits machins de culture - des petits carrés portatifs qui portent un monde à l'intérieur comme dans une poche kangourou, que tu gardes comme un secret, un monde caché qui n'est que pour toi et dont les autres ne se doutent pas (comment sauraient-ils que tu as l'univers planqué entre tes cinq doigts crispés dans le métro ?)
C'est mon monde ; et à mon grand bonheur il n'en finit pas de se dérouler, de tome en tome en tome... 24 petits carrés pour me réchauffer en cachette.

Je pourrais vous raconter que ce manga est très stigmatisant à lire dans des lieux publics - avec sa couverture rose bonbon, les yeux de ses personnages qui clignotent en étoiles, tout cet enrobage kitchissime - mais que je m'en porte très bien : ) - et les connaisseurs de ma bib de soulever les sourcils d'un air suspicieux : "tu lis Fruits Basket !!!?!!!"

Bé oui. Alors moi en général je réponds : "oui je sais je suis en pleine phase régressive !!!"
N'empêche, j'vais vous dire : j'ai essayé de lire certains mangas censément pour adultes (à supposer que mon mien soit pour enfants et ados prépubères), ils me sont tombés des mains. (Bien sûr, j'en essaierai d'autres, plein d'autres, je suis prise d'une boulimie de découvertes de mangas (çui-là, et çui-là, çui-là aussi) - mes yeux à la place des grosses dents. Juste pour dire que Fruits Basket, ben, c'est pas nul. Na. Puisque je l'ai préféré à Monster le censément-meilleur-trop-bien-qui-palpite.)
Parfois, ces machins de la culture populairetrèspopulaire, ça me fiche une de ces boules de chaleur dans le ventre.
(C'est de mes tripes qu'on parle, alors pouvez bien aller au diable avec vos hiérarchies à trois balles. Brrr...)

Tellement fiché dans le petit creux de ma tête, là, en haut à gauche, qu'hier, en montant l'escalier qui mène chez mon père, la petite inquiétude au ventre, je me suis dit : "Pense à ce que ferait Tohru dans cette situation". Ca a marché hein : je me suis sentie d'un coup lestée d'un vrai courage, et moins seule.

Ce n'est pas du tout ce que je voulais écrire ici.
(J'avais commencé par "je pourrais" pour basculer sur le "mais en fait non" - seulement... mais en fait si.)

Hier soir, j'ai passé la soirée casée dans un grand canapé crème entre deux femmes sublimement jolies. Ca me faisait tout drôle. Mon regard volait hop, de l'une à l'autre ; yeux de papillons à yeux de papillons. Moi, j'étais la fille-sympa-qui-souriait, alors, quelque part, je me sentais un peu comme Tohru.

Ce n'est pas non plus ce que je voulais raconter ici.
Ahlala, quelle poisse.
Je le raconterai la prochaine fois.

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29 juillet 2009 3 29 /07 /juillet /2009 21:25

« La dépendance est un terme qui désigne un comportement qu’on ne peut s’empêcher de poursuivre, malgré la connaissance des conséquences néfastes qu’il peut entraîner. […] Le sujet dépendant ne peut se passer de la consommation du produit, et sa vie est centrée sur cette consommation : recherche du produit, des moyens permettant de s’en procurer, prise du produit… On parle alors d’addiction. Selon les situations, les individus concernés, le produit en cause, la dépendance peut s’installer progressivement au fil des consommations, ou bien survenir rapidement, de façon brutale. Dans tous les cas, elle est à l’origine des mêmes symptômes, qui conduisent à consommer de façon excessive pour les atténuer. »

 

Je développe une dépendance névrotique aux séries américaines.

Je suis totalement accro à Six feet under.

 

Ca me procure un sentiment de bonheur enveloppant.

J’y pense toute la journée.

 

Ca fait partie intégrante de ma vie intime et spirituelle – maintenant, quand on s’engueule avec Rayé, il finit toujours par me dire : «T’imagines, si on était dans une série américaine et que tu me disais ça, ben comme spectatrice, tu te trouverais super chiante !!! »

 


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24 juin 2009 3 24 /06 /juin /2009 21:52

Hier, j’ai découvert eux.

(Une envie irrépressible de claquer frénétiquement des mains comme une otarie m’a saisie –  la voyez là l’otarie extatique ? – avec un sourire ravageur plaqué en plein sur la figure, du genre qu’on peut pas enlever, de toute la matinée…)

Trop beaux, trop forts, trop émouvants, tellement drôles, tellement… avec des idées qui pétillent frétillent débordent de leurs têtes en faisant des p’tits sauts périlleux hop, hop…

 

La nana, là, je serais bien tombée amoureuse d’elle tout court, tellement elle me mettait des étoiles dans les yeux.

 

Alors voilà, c’est Zaz Rosnet, elle est un peu tout : conteuse, comédienne, clown, plasticienne aussi, artiste on va dire – magicienne ? qui transforme tout en chouette (c’est un métier, ça, un métier pour de vrai).

(Elle voyage dans le monde entier, mais elle prend pas le train ou l’avion, le bus non plus : elle a juste des chaussures très spéciales qui font marcher sans qu’on se fatigue, si les arrose – si si.)

Elle s’est mise à raconter (à faire de petits spectacles) pour les enfants, puis pour les bébés. Toute seule, puis après avec d’autres gens, et avec son amoureux aussi.

Ils ont un atelier qui doit ressembler à une caverne (avec des merveilles et des fantastiques aussi, débordant de bestioles (très vivantes et désobéissantes) de paille, de carton, de tissu, de laine, d’un peu tout ce qu’on trouve dans le monde, avec des yeux et une bouche.

 

Une sorte d’antipode du niais : du mourir-de-rire pour les gamins.

Une sorte d’antipode du convenu.

(Gnangnan. Rose rose. Lisse. Là c'est rugueux et les bestioles sont hirsutes.)

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23 décembre 2007 7 23 /12 /décembre /2007 18:38
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4 mars 2007 7 04 /03 /mars /2007 18:09

L'autre jour, j'ai demandé à l'Homme Rayé : "ça représente quoi pour toi l'art et la culture ?"


Pour éviter le choc cardiaque (à défaut de la crise de fou rire), j'avais pris soin de faire précéder la dite question d'une introduction conséquente, à base de : "nan mais je veux te demander un truc, mais tu vas te moquer de moi, alors j'ose pas trop dans ma fierté, tu vas croire que c'est pas pour de vrai, alors que ça sera sérieux dans ma tête pour le vrai et l'aquarium réel des choses ; tu vas rire et tu vas dire - elle se fout de moi ou quoi alors la blague ; et ça sera pas une blague tu sais, mais comment je pourrais le mieux formuler pour que les mots s'agencent et que.. tu croies... enfin..."
(Ma peau à clown a remplacé la fierté que doivent arborer mes mots.)
(Là, il a dû faire poc dans son crâne, elle va me chanter les phallus des crevettes des mers chaudes ou bien quoi ?)


Il a rigolé en penchant sa tête en arrière (les yeux châtaignes or, avec des étincelles à bougies d'anniversaire dedans) ; j'ai réussi à lui arracher la promesse (ruban rouge) de sa présentation power point sur le thème, en quatre parties, pour la semaine prochaine (je serai sous le plaid je hocherai le cheveu et lui il me racontera).

Mes pièces à rapporter au dossier de ma question (mystique et claire) :

1. Loup, il avait dit, quand je lui avais raconté l'article d'Abd-el-Malek Sayad sur "La lecture en situation d'urgence", qu'il fallait se méfier de ce genre de construction mythique de l'objet livre, et de la lecture. Oui, cela peut fonctionner de cette façon, effectivement, cela se rencontre dans le monde social (comme ç'a été le cas pour la petite héroïne (tous les sens) de Sayad), mais gardons-nous de généraliser. Surtout, il m'avait soufflé : le sport par exemple peut jouer le même rôle - l'écrit n'est pas l'irremplaçable de l'humain. Tu imagines un homme, dans une cellule de prison. S'astreindre à faire des pompes tous les jours, ça peut le sauver. Comme lire a sauvé la miss à Sayad. Garder la tête par dessus l'eau.

Cet acte-là, faire des pompes, ce choix, cette discipline, cet exercice du cerveau et du corps, cet acte culturel (au sens non plus de la culture légitime, lettrée, ni même artiste ; culturel au sens anthropologique, puisque tout acte humain, tout fait humain, est saturé de significations) peut être l'acte qui le sauve.
(De la déchéance, du désespoir, de la folie). De la même façon que l'acte de lire a sauvé la jeune fille cloîtrée.

2. L'homme rayé, en préambule à sa présentation label rouge au power point, il m'a dit : "en tous cas ne t'attends pas de ma part à un chant à la gloire de la culture. Comme l'indispensable et mon indispensable, à la vie, à ma vie, à l'épanouissage, au croissage des racines et du feuillage, à la respiration des branches." (Rire cynique.) (Comme un petit personnage de dessin animé.) (Ah non c'est moi ça.) "Moi, je peux peut-être te dire que j'y ai un rapport instrumental, à la culture. Qu'elle m'a bien servi, comme outil de pouvoir. Cette culture stockée, dressée, manipulée."
Il m'a regardé presque inquiet dans sa lueur : "c'est froid ?"

(Je continue les pièces plus tard. J'en ai des tas, sous ma cape, là où je ris au parfum des sardines.)

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3 mars 2007 6 03 /03 /mars /2007 17:04

J'ai vu Inland Empire de David Lynch. Ce film, j'avais extrêmement envie de le voir. Déçue j'ai pas été.
Une chose m'a frappée (paf), et je me suis demandée si mes yeux étaient obsédés possédés, ou si les autres étaient aveugles. J'ai pensé que ce qui est naturalisé
est invisibilisé.

Ce qui va de soi ne se voit plus. Ou pas.

La radio, la presse, des discours en bataille j'avais écoutés, avant de rentrer dans le cinéma aux fauteuils rouges. Je connaissais déjà certaines scènes, certains sauts. Pour les avoir vus par les mots des autres. (A la radio. Et dans la presse.)
Les tissus déstructurés qui se bataillent en flash devant l'écran, avec les cris.
Les discours, tous ceux que j'avais rassemblés, classés, emmêlés, empilés dedans ma tête avant d'aller le voir (le film), je les ai trouvés très justes sur la forme.
La forme du film, ils en avaient bien parlé, ces gens, j'ai pensé. C'était ça. ouais.
Mais ce qu'il y avait dedans, la matière qui sent fort et qui fait crier, comme une impression qu'ils étaient passés à côté d'un immense fleuve qui coulait juste au milieu sous leurs pieds sous leurs yeux, et qu'ils n'avaient rien vu.
Troublant.
Distorsion qui me frappe (paf). Me déstabilise. Je suis un peu perdue dans le noir de ce qu'on n'a pas vu, ce qu'ils n'ont pas vu, ce qu'ils ont tu, et je ne sais trop quoi penser.
Où mettre mon discours à moi, maintenant que je l'ai vu - dans quel ordre agencer mes mots, pour dire ce que moi j'ai vu.
Est-ce que ça y était bien ? Est-ce que j'ai bien vu ? Y avait-il le fleuve, épais, noir, là au milieu, ou c'est moi qui m'empêtre et flanche dans la mélasse ?...
Distorsion de regard.

Comment ont-ils pu ne pas voir, ce qui s'étale dans les yeux, prend son aise, et blesse : comme tout dans ce film est connecté puissamment aux rapports de genre et de pouvoir, de pouvoir et de genre, de genre et de violence, de genre, enfin ?...

 

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1 février 2007 4 01 /02 /février /2007 15:36

Je boude.

Les gars, je boude.
Ma claque de cette culture étalée, chuis pas une tartine de wasa.
Les gars, marre de me voir le nez plongé dans le gouffre de mon ignorance comme les secondes d'un métronome : pof pof, pof pof.
Connais pas, connais pas, connais pas.

Les peintres, connais pas.
Les réalisateurs, connais pas.
Les villes, connais pas.
Les livres, connais pas.
Les compositeurs, connais pas.

Et jusqu'aux acteurs célèbres des pages de Voici (ben oui, ça aussi, ça peut être de la culture de conversation échangée), connais pas.

Et là, elle dit : "m'en fous, je vous méprise tous."

Et elle essaie de prendre sa tête de drôle, mais en vrai c'est pas du rigolard sous son front, c'est un petit sentiment d'insignifiante (en arabe : "tâfih").

Ah, ouais, ça, elle le sait mieux que vous : ses listes de vocabulaire d'arabe littéral, ah ah, ça, elle vous met tous à l'amande (grillée)...
Enfin, tous....
Des fois, des gens...

Mais pas beaucoup de place sur le wasa pour ses mots en bataille qui se parlent arabe entre eux.

La claque, de ces listes de gens inconnus.
(Faut-il que j'apprenne l'encyclopédie universalis de la confiture fraises, pour pouvoir mener une consersation ?)

Enfin, mener....
Pouvoir dire autre chose que "connais pas. jamais entendu parler." Toutes les quatre secondes de son temps de vie, comme un métronome.
Pof pof. Pof pof.
A trois centimètres cinquante de l'étendue de ses connaissances.

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30 janvier 2007 2 30 /01 /janvier /2007 08:35

 


 


Deux fois presque de suite, je suis allée voir ce film qui m'a si fort bouleversée (avec la violence de la passion affective dedans, et des transports de coeurs : "Wouaaaaaaaaaaaaaah... c'est TROP bien le kiffe de l'accroche à ma pensée fébrile, des fraises dedans - les feux d'artifices de mon coeur qui se soulève") :
Le Labyrinthe de Pan.
Guillermo Del Torro.

Elu par mes soins soigneux lustrants d'enthousiasme : le film féministe de l'année.

Le personnage de la mère, Carmen, est l'infirme amputée / handicapée / blessée / meutrie / rendue impuissante par sa féminité (par le moyen de...)
Enceinte, d'une grossesse qui lui fait mal, qui la rend impotente, et qui la
tuera. Elle pose le pied sur le sol du "mari" (nouveau mari, l'homme qui se l'approprie) : aussitôt il lui impose le fauteuil roulant ; elle commence par refuser, puis cède. Elle passera tout le film dans ce fauteuil, avant de crever dans le sang et les cris. Premier acte que fait le mari dans ce film : transformer Carmen en infirme.

Carmen n'est qu'un ventre, un ventre à porter des mâles ; faite si faible (pas par la nature mais par un homme), elle n'a d'autre choix que de se faire esclave. Le tout petit choix ridicule de ne pas arriver à rester seule à la force de son poignet. Se vendre. Détruite.

Et la petite de déclarer, quand Mercédès lui chuchote que "c'est parfois difficile d'avoir un enfant" : "alors moi j'en aurai jamais". Poings serrés.


Mercédès, autre figure de femme, magnifique, grandiose ; la lutte, le courage, le front qui tient bon, qui tient fort. La résistante debout.
Quand elle est découverte, capturée, ligotée, affublée comme un gigot qu'on
s'apprête à torturer, elle lance : "vous ne vous êtes jamais méfié de moi, parce que j'étais une femme" ; et quand elle se défend, c'est avec un couteau - arme éminemment phallique ; c'est au corps à corps, et avec une sauvagerie entière et non entamée, en gueulant : "je ne suis pas un vieillard, je ne suis pas une infirme !"
Elle entaille le visage de l'homme, pour lui dessiner ce sourire effrayant que
le tueur masculin du Dahia Noir découpait sur ses victimes féminines.

Quand elle est prise en chasse et se fait encercler par une armée de fascistes, elle commence par tourner son couteau, son arme minuscule, vers les autres ; et quand devant les fusils elle réalise que cette menace pèse de peu de poids, elle retourne le couteau sur elle, sur sa gorge, ultime façon de lutter, de résister -  traditionnellement virile : l'homme qui se dresse est capable de mettre sa propre vie en jeu - il est au-delà de la peur de mourir, peur du vivant et de l'animal, il se fait ainsi sujet. Mercédès aussi est sujet, sujet magnifique qui me tire les larmes.

La petite Ofelia n'a que faire des jolies robes carcans à rubans, des chaussures vernies ; elle sait affronter d'abominables peurs primales, elle se traîne dans la boue, dans la glu, dans la merde, elle rampe, elle avance, elle tient et retient son souffle.


Les livres sont ici le moyen d'échapper au dressage à la féminité, comme c'est
souvent le cas pour la masculinité ; quand des petits garçons intellos nuls en foot squattent leurs chambres fermées pour s'engouffrer dans leurs livres, Ofelia boude ses toilettes soyeuses la tête dans ses contes de fées.

Dans le ventre de l'arbre, les cloportes escaladent ses bras et ses jambes, viennent zig-zaguer sur ses joues de petite fille ; son courage me coupe le souffle.

Tellement d'autres choses que j'ai aimées dans ce film - je pourrais écrire ici que j'ai tout aimé, en bloc, qu'il porte avec ses couleurs ses musiques la chanson de sa langue des valeurs qui résistent, des valeurs droites, auxquelles je veux coller - un courage ineffable, le courage d'Ofelia, de Mercédès, du médecin, du bègue.

Une vague d'émotions puissante qui me tient au ventre.
(Je t'aime Ofelia. Je suis avec toi, et je veux être un peu de toi.)

Ca me donne du courage pour ma vie comme si j'avais rencontré des vrais gens. Pas pour se masturber avec des expressions vaseuses, mais pour de vrai, qui flirte avec des choses sérieuses : en vérité crue, quand j'ai un cafard noir qui me ronge les os de la tête, penser à Nenene Sumiregawa me remet d'aplomb, me redonne.... des choses utiles : de la joie, de la force.


Que ces mondes-là existent et qu'ils soient beaux, une île de réalité qui consiste en elle toute seule, un éclat, une ressource.
Des frères et des soeurs.


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