750 grammes
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La Capuche

  • : le bonhomme capuche
  • : Epicerie à bricoles. Collages en stock, phrases à tiroirs, anecdotes nocturnes et papillons.
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et des blablas rouges aussi

(des fois).

 

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Dans Le Fond De Ma Capuche

27 juillet 2009 1 27 /07 /juillet /2009 20:48
Chose promise, chose due : après les couilles, les ovaires (mon dieu ce blog perd vraiment de la hauteur, ces derniers temps....)

Il faut d'abord vous dire que quand la Capuche publiait joyeusement mes petits épisodes portugais réjouissants, que j'avais tout bien tapés ordonnés enregistrés à l'avance, pour une parution comme un métronome, en couleurs, et en sourires, ça n'allait pas fort de l'autre côté de l'écran.

Une semaine à lutter les dents serrées, le corps et la tête douloureux.
Trois rdv chez le médecin et deux visites aux urgences de l'hosto, en sept jours de temps, ça fait lourd.

La confrontation avec une médecine froide, hautaine, aux odeurs de carrelage. Sentiment d'être perdue annulée et humiliée. Et la douleur, qu'on ne comprend pas, et qu'on n'arrive pas à dompter.

J'ai été en colère, terriblement en colère - la rage contre ces gens qui ne me parlaient pas, qui me traitaient comme un cas, qui n'écoutaient pas, qui me jetaient leurs diagnostics pourris au travers de la face.
Le coeur qui tape. Quelques larmes, aussi, pour évacuer.

Envie de les détester. De ramasser mon corps comme un sac et de le ramener chez moi ; quand la douleur est partie on n'a toujours rien compris mais on reprend le pli, on remet le corps dans le pantalon, puis dans le métro, et dans le boulot ; on est comme la tête sous l'eau on évite de penser.

Et aujourd'hui, je suis allée chez un ostéopathe. Première fois de ma vie que je faisais ça.
Une sorte d'expérience mystique, un peu comme rencontrer le dalaï lama en miniature.

Un monsieur sage blanc aux cheveux blancs, aux paumes de mains chaleureuses - qui s'occupe de toi pour de vrai, qui te parle - à toi - qui t'écoute - quand sa porte est fermée tu es comme dans un oeuf, en sécurité, tu peux déposer là sur le tapis entre toi et lui toute la merde du monde, la douleur de ton ventre, les petites humiliations quotidiennes, il les tord, les essore, les déplie, et les calme.

Fuck les hôpitaux.

(Voilà pour mes ovaires, qui pleurent encore un peu, de temps en temps, quand le ciel est maussade.)
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15 octobre 2007 1 15 /10 /octobre /2007 18:29

J'ai dormi d'un sommeil un peu tendu et discontinu, mais avec de vraies tranches de sommeil dedans, tout de même ; j'ai rêvé que j'étais avec Puce et que je lui expliquais pourquoi je devais me lever à 6 heures, pour manger...

Mon réveil de téléphone a sonné à 6 heures - c'est Rayé qui s'en est saisi et a marmonné "c'est quoi ça ?" (je ne sais pas trop si sa question concernait l'objet ou le fait qu'il s'agite à cette heure indue) ; j'ai répondu : "c'est le réveil de mon petit déjeuner..." Et à six heures, je me suis attablée ; à 6h35 j'étais recouchée, avec le réveil réglé sur 7h40.

Hop, je me lève à nouveau, j'enfile la tenue préparée la veille avec soin - un peu le stress, tout de même, la conscience d'un jour important ; je me bats avec le dossard et les bestioles d'épingles à nourrice dont je gère mal la géométrie ; Rayé ouvre un oeil et se met sur ses pieds pour m'attacher la puce (la petite, celle qui cause pas, la celle en plastique ;)  ) dans les lacets. 8h05, je suis dehors.


Dans le métro, je croise d'étranges personnages emmitoufflés dans des sacs poubelles.
Je rejoins le groupe vers 9 heures dans le rond central du stade, près du départ ; il y règne une folle ambiance : la sono joue Sugarhill Gang, Rapper's Delight, à fond les ballons, un peu partout de petits amas de gens s'activent ; certains s'adonnent à des exercices d'entraînement atypiques (ça fait un peu Jacques Tati - oui pasque l'autre jour j'en ai regardé un bout à la télé, maintenant je peux faire des références enlevées ;)  ). Ils font des moulinets avec les bras et se livrent à des danses de la pluie.


Prune et Chéri-de-Prune sont déjà là, Copains-de-Prune-et-de-Chéri-de-Prune arrivent peu à peu. Un grand ciel dégagé, clair et léger ; une atmosphère marrante et un peu électrique ; on check son attirail, les gels trucs, les mouchoirs (ma collection de sopalin, unique en son genre), les lacets, et on part se mettre dans la ligne - heu le pavé de départ.


9h15, on est en place. La course ne commence qu'à 10 heures. J'ai la chair de poule ; mais la foule me réchauffe un peu. Je vérifie mes lacets (quand je me baisse, j'ai bien chaud, à hauteur des milliers de genoux). C'est moins oppressant que lors de ma précédente et toute première course (la Parisienne, 6,5 kms) : les gens s'agglutinent moins, sont plus zen ; et quand le départ est donné je m'émerveille de la fluidité du machin : presque pas de piétinement, aucune bousculade, un vrai bonheur ce départ, tout en douceur, comme dans une pub pour les yaourts. Les coureurs ici ont plus l'habitude, et surtout, courent plus vite : pour Prune et moi, c'est du tout-gratiné - on se fait doubler, mais on n'a presque pas besoin de doubler, donc pas de prise de tête stratégique pour savoir par où se faufiler ; pas besoin de prendre les trottoirs, pas besoin d'accélérer-piétiner... du pain de mie.


On monte doucement vers le Trocadéro, hop on est partis. Ca fait bizarre de se dire qu'on est dedans, ça y est on est partis, on court les gars on court, ça commence... [Ce truc sur lequel on fantasme depuis des semaines.] La foule est déjà là pour nous acclamer, AHA on est des stars - (je fais des sourires béats aux spectateurs - mercimerci) ; les petites fanfares rigolotes sont en place sur les ronds-points, dans les virages, sur le bord de la route. Dans l'une les musiciens sont en rose fluo ; l'autre balance des rythmes africains - Prune crie : "Ouais, bravo !!" (Elle est grave en folie ;) ) Hop on oblique vers le bois de Boulogne.


Les 11 premiers kilomètres, comme dans du beurre. J'avais l'impression qu'on ne faisait que descendre ( ? ). Prune est toujours à côté ou derrière moi, avec son tee-shirt rouge ; depuis le début j'ai mon casque sur les oreilles et la musique qui pulse ; de temps à autre je l'arrête pour écouter Prune ou une fanfare - la plupart du temps j'écoute les deux en même temps et je n'entends aucune des deux ;)

Je regarde autour de moi, les routes, les arbres, tous les tee-shirts qui s'agitent devant - je passe toute la course à lire les inscriptions sur le dos des coureurs ; "marathon de Paris", "je cours contre la maladie", "les Foulées de Bidule", "les 15 kms de Truc"... - et les maillots des clubs, aussi. Des tee-shirts "Air France", ou "Armée de Terre"... L'ambiance est bonne en dépit de quelques rigolos qui te poussent pour te doubler (heureusement ils sont peu nombreux).


Au 10e kilomètres j'essaie de boire un peu - Prune ma coach-bonne-étoile m'attrape de l'eau sur le côté droit, j'en chope sur le gauche et on se retrouve avec trois petites bouteilles de flotte ;) - j'arrive à peine à en avaler trois gorgées, et je balance le reste sous une voiture (oui normalement c'est mal, mais là, on a le droit...) Ca me fout un peu mal au bide ; mais on arrive au 11e kilomètres, et là attention, je dois retrouver M'sieur Rayé, que j'ai laissé à la maison tout chaud de sommeil (comme un chausson aux pommes qui sort du four, que je lui dis d'habitude), et qui a accepté de m'accompagner pour la seconde moitié de l'aventure. On s'est fixé un point de rendez-vous, mais on n'est vraiment pas sûrs de nous, et je suis toute fébrile - je gueule le nom des rues qu'on enfile et mes voisins de course doivent me prendre pour une tarrée - "excelmans, ouais... versailles ! c'est bon versailles ! et là... on doit prendre à droite attention... oui la poste, la poste, ya une poste c'est là !!! mais... il est pas là !! SI !!! il est là !!!" (une folle dingue quoi). J'ai levé le bras et Rayé m'a vue ; hop il se lance du trottoir sur la route - Prune lui file mon gel-aux-pommes et gueule "Ouais allez Ox !!" puis disparaît, derrière nous - elle courera jusqu'au 14e kilomètre, pour traverser la Seine et voir son chéri arriver en triomphe, au bout d'une heure 25 minutes et 50 secondes de course... Rayé me demande si ça va ; je suis excitée comme une star et je réponds "ça va SUPER bien."

On oblique vers les berges de la Seine, et la chaussée se fait plus étroite. Je cours à droite, sur le bord. Commence la partie la moins rigolote (désolée M'sieur Zébrures - tu as manqué les sous-bois verts de Boulogne et leurs odeurs de branches).

Encore moins rigolo, en fait franchement sombre , inquiétant : sur le côté, un jeune homme est allongé sur le dos, les yeux exorbités, les bras largement ouverts, on lui fait un massage cardiaque - un grand frisson triste parcourt la nuée des coureurs.


Ravitaillement du 15e kilomètre. Je devrais boire et manger, mais je ne m'en sens pas l'estomac, et je ne fais rien du tout ; Rayé a toujours mon gel-parfum-pommes mais je décline poliment sa proposition - mon ventre ne s'en sent pas les tripes. Une erreur stratégique sûrement me dira Rayures après la course - mon grand machin de corps fatigue.


A partir du 16e, ça devient dur ; c'est là qu'Arsenik se met à entonner "Rester vivant ! Rester vivant !" dans mon casque, et ça me fait marrer. Je repense à la phrase de Chéri-de-Prune (connaisseur des 20 kms) : "là, t'attends avec impatience le moment où on va retraverser la Seine..." Ouais, surtout que ça monte, ou du moins j'en ai l'impression ; alors quand je vois au loin la vague de gens multicolores (si ça fait vraiment vague, qui ondule, c'est assez rigolo) prendre le virage à droite et s'engager sur un pont, je beugle, en pointant du doigt : "là ! on traverse, ça y est !"


Seulement de l'autre côté du pont on n'est pas arrivés, et Grand-corps-en vrac commence à protester... [Pourquoi grand ? Je sais je suis petite m'enfin... il prend de la place, voyez, c'est pas rien à déplacer...] La partie vraiment la plus galère : l'enfilage des mini-tunnels - je descends, je monte, je descends... je... mmmonte, je descends... heu... je...mm. (si si je vais le faire) ;) et dans le trou, c'est tout sombre, tout humide, ça clapote, et surtout, désolée les camarades de galère, mais... on pue : tous ces petits corps frétillants comme du plancton sous les voûtes en pierre, ça dégage une odeur... de sport - je me sens faire partie d'un grand tout transpirant en presque décomposition sportive, et j'ai chaud à la tête.


Je n'ai plus d'électricité, je marche à la manivelle.  J'ai mal au genou. Rayé aussi, mais il ne me le dit pas, en coach dévoué.

On passe le 18e kilomètre, et il me lance : "On accélère ?" Avec peine je redresse mon cou qui pèse (bon d'accord j'exagère) pour lui répondre... juste... "Non". Il a compris le message et me demande en métronome si ça va, et ça va ; je pédale, sans réfléchir, et par plancher je passe la musique de plus en plus fort dans mon casque - plus fort - plus fort... (Là ya Métèque de Joey Starr, et ça me fait du bien.) Le 18e dure des heures. Rayé est tombé d'accord là desssus. Je vois au loin un grand truc rouge et je gueule (oui, parce que j'ai toujours mon casque sur les oreilles, et à plein volume) : "C'est l'arrivée là-bas ?" Un gars qui court à droite de Rayé hoche la tête, ben non, c'est juste le 19e kilomètre... Je me sens un peu bête parce qu'après réflexion (légère hein la réflexion, je suis fatiguée moi) ce truc se dresse au milieu de rien, et ne ressemble effectivement pas du tout à une ligne d'arrivée, mais ça me fait rigoler - et on y est presque, les gars... D'un coup Rayures me montre du doigt : "Là ! Regarde là, c'est l'arrivée !" Yeah....


Le 19e kilomètre a été tout petit ; je ne pouvais pas accélérer, mais quand j'ai vu, là, tout de suite, devant... la putain de ligne d'arrivée, ouah * * * les photographes à deux pas ont eu droit à mon plus beau sourire radieux :-))

Pas trop professionnels cependant les coureurs s'arrêtaient juste sur la ligne, et on venait tous se ramasser les uns après les autres dans cette espèce d'étrange coussin humain coagulé... Puis on marche vers le ravitaillement - je crève de soif, Rayé aussi - il me dit que ce n'est pas bon signe et qu'on aurait dû boire avant : on a couru désydratés sur la fin ; des bonshommes distribuent des trucs bleus sur le bord et je prends ça pour du chocolat, je tends la main, avide - elle reçoit une toute-pourrie-médaille moche ("mais merde ça se mange pas ce truc c'est tout dur en plus !") (bon, je la rangerai tout de même dans ma super-collection riche de deux éléments, dans ma valise Elmer ;)  ).


Je rate le vrai ravitaillement du manger (tout de même des pruneaux Agen, une pomme, et une grosse barre Milka, merde alors), mais je me rue sur les bouteilles de flotte (HHHH.... assoiffée comme un puits asséché...) On retrouve la Bande-des-Potes dans le rond central, Prune me fait un show d'arrivée ; c'est comme une sorte de bonheur dans mon for d'intérieur, genre : "éh, les gars.... je L'AI fait."


Je passerai la seconde moitié de la journée dans un semi-coma ; Rayé a ramassé sur le bord de la route une bonne crève résistante qui a eu raison de sa présence dans le monde des Cohérents à 20h30 - trois cuillérés de lentilles, et au lit - je lui emboîte le pas une demie-heure plus tard. Et je sombre. La tronche dans l'oreiller. Bavant.


Bilan de l'étendue des dégâts : mes jambes ont bien résisté - à part les genoux, qui grincent franchement, et l'articulation des hanches ; quelques sensations ( de ? chaud ? poivré ?) en haut des cuisses, sur le devant, mais pô grand chose. Côté souffle et coeur, RAS. Ce qui pèche, avec clarté : mon joli-petit-tronc : mon bidon, qui fait des siennes, comme à son habitude, et un peu le dos, les côtes, toute l'armature, quoi (d'après Rayé, faut chercher du côté des abdos). Et aussi : le jus, plus généralement... La tenue sur la durée. M'enfin, quoi, après tout, c'était la première fois ;).


Une décision, cependant, née de cette aventure picaresque : je ne ferai JAMAIS de marathon...
:-))

PS : http://www.metrofrance.com/fr/article/2007/10/11/18/0750-37/index.xml

"Au bout d’une heure, votre organisme aura besoin de puiser dans les réserves. Ne sautez pas les ravitaillements. Même s’il ne fait pas très chaud. En général, le coup de barre survient dans le 14 ou 15e kilomètre."
Mwouais... je confirme. ;)

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11 février 2007 7 11 /02 /février /2007 17:45

En ce moment je suis sur la crête de mon yoyo de poids - bon, ça me met un peu de poudre noire au moral, mais pas beaucoup hein, ça reste tout léger relatif comme un vague arrière goût de poivre. J'ai quand même réussi à prendre un kilo depuis que j'ai décidé d'en perdre trois, et ça, tout de même, je trouve que ça mérite le respect ;-).

Je suis un peu gonflée comme la Vahinée, et mon ventre (tendre comme un coeur de palmier) se fait un chouïa brioche (comme la vahinée, encore) ; j'eus découvert il y eut peu cette chose brouillée (comme les oeufs) dont j'eus épisodiquement entendu parler sans en avoir cependant d'idée bien claire : la cellulite (à ne pas confondre avec la cellulose, beaucoup moins naturelle, elle, et non issue de l'agriculture biologique, à la différence de la mienne).


Petit trouble blanc sur les terres immergées de ma peau qui bricote. Mince. Ouille.
La petite limace sympathique se fait grassouillette, voyez - grassouillette et sensuelle (si).

Mais ce qui parvient à sérieusement me remettre le baume au coeur, dans ces moments de flottement anatomique, ce sont mes victoires à muscles.
Rien de bien tranchant. Non. Juste quelques tours de pistes entre les arbres et les flaques de boue. Mes cross à baskets au parc de la Tête d'Or.

Ce matin, Petite flaque lourde à ventre s'est rendue au parc, traînie, traînant, avec ses pattes de canarde.

Des fois, c'est tout pourri. Je serpillère comme la méduse (sympathique), que je sens visqueuse à l'intérieur, et ça me rend toute mélancolique. Des fois, c'est l'échec, poisseux (presque sale ?), fatigué, qui flaire l'impuissance, et la mollesse, et les chairs (dois-je dire tombantes ?), le corps qui glisse et qui ne tient rien, les membres faibles. La tête qui chauffe et la larme, presque. Le soupir de nullitude. La déception. Le découragement.

L'auto-mépris. Je me sens comme un slim dans le monde.

(Un slim, oui, ce truc dégoûtant qu'on vendait dans des boîtes en plastique dans les années quatre-vingt, vert fluo (au début du moins, quand il n'était pas venu se coller à toute l'immondice de la maison voire du quartier), une sorte de crotte de nez à échelle démesurée. Mon petit frère en avait un, de slim, qu'il chérissait comme un lapin angora nain. "My precious...")

Ce matin, j'ai couru deux fois 45 minutes, avec une pause de 25 minutes entre mes deux envolées (lyriques).

J'avais un peu mal aux articulations, le genou droit d'abord, puis la hanche gauche ; je soufflais comme une verte locomotive calme ; j'étais bien, j'étais forte (ou je me sentais forte ?) - ne pas s'arrêter tant qu'on peut ne pas s'arrêter -

Suivre la moulinette rythmique de mes foulées sautillantes (Prune dit que je cours comme un petit lapin), suivre ses chaussures, suivre le paysage qui passe et qu'on dépasse ;

Se tenir, s'avoir en main, éprouver qu'on résiste ; découvrir dans sa chair que son corps fonctionne, que ça tourne, ses jambes de petit lapin, son coeur qui tape en sourdine, les laconiques douleurs à vaincre, à tenir, à retenir, à savourer, en soi, au profond.

Les deux tiers de mon temps, je me sens molle, et je souffre de fléchir - devant la vie, devant la dureté des objets du monde - plexiglas.
Et de temps à autre, il m'arrive de me sentir dure.

Quand je suis allée au Laos, j'ai voyagé avec quatre bonshommes ; l'un était Suédois et s'appelait Jasper. De ce grand malabar en cheveux, j'ai retenu cette phrase qu'il égrainait à mon épaule, ravie : "you're a tough woman..." (pasque, bourrine autruche maladroite en sandales, je m'écorchais à tous les arbustes à portée de pieds, et ne faisais pas grand cas des dessins de petit sang qui s'entortillaient sur mes chevilles).

Peu de compliments qui sonnent si près de mon coeur (rougi) : ouais, moi, je veux être une tough woman... Je la suis peu pourtant - mais je m'essaie à l'illusion.

Gamine, ado surtout, j'étais de ces tâches-limaces pour qui les cours de sport sont des supplices.
Petite revanche sur le monde quand mes jambes moulinent aujourd'hui.

Et puis parfois, ça ne marche pas, ça ne marche plus - je me sens tellement faible et douloureuse, mon ventre surtout - le sentiment que je vais cracher mes boyaux, là, maintenant, tout de suite, sur les pieds du runner de devant - tout m'échappe et je ne suis plus que ce corps éparpillé à qui personne ne dicte sa loi, et surtout pas moi.

J'ai appris à ne plus me haïr, dans ces moments-là.
Je me ramène à la maison, j'assois mes fesses, et je m'essaie à la philosophie du sage.
La semaine dernière, je n'ai pas même fini mon premier tour.
Mes pieds ne se soulevaient pas du sol, j'avais envie de vomir mon corps entier.

Aujourd'hui, je sens sur tout ce corps peser la course de ce matin, ça pèse, et je résiste.

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