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La Capuche

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Dans Le Fond De Ma Capuche

8 janvier 2006 7 08 /01 /janvier /2006 07:47

Le garçon est appelé à devenir un homme, à prouver sa virilité pour s’élever au statut d’homme (en s’arrachant à la nature – et à sa mère), tandis que la femme est tout simplement femme, elle naît dedans, elle est de prime abord tout ce qu’elle a à être, puisqu’elle colle à la nature ; elle ne s’arrache à rien.

Nous ne jouons pas dans la cour de l’histoire. Nous sommes tout juste dans les coulisses – dans la cuisine. Nous sommes des à côté, nous sommes des autres, nous sommes des accessoires.
On ne demande pas à la femme de prouver quoi que ce soit : elle est une femme.
La femme n’est pas d’abord un sujet, mais en rapport à et au service de. Elle n’est pas au centre de son monde. Le mec qui me lorgne au coin de la rue ne me jauge pas du regard avec agressivité et méfiance, comme un égal. Il ne jauge rien du tout dans son regard, il m’approprie. Il me fait objet. Je suis une femme.
Les violences qu’ont à subir les petits garçons, les jeunes hommes et les hommes au titre de leur virilité sont le prix à payer pour pouvoir se poser en sujets.


Il faut se demander quel est le prix des choses.
Je comprends la logique qui veut qu’il soit « plus facile » de vivre une vie de femme.
Elle se fonde sur une liste de facilités offertes aux femmes d’une part, de souffrances infligées aux hommes d’autre part ; de possibilités d’évitement pour les femmes, d’affrontements forcés pour les hommes.
De façon exemplaire : une femme peut choisir (ou : il est plus probable pour une femme d’avoir la possibilité de choisir) de ne pas travailler et de rester chez elle, de se consacrer à sa maison et ses enfants, de vivre une vie de femme au foyer. C’est presque impossible pour un homme.
Si je peux tout à fait comprendre cette proposition, c’est qu’il m’est arrivé, dans des moments de fatigue et d’usure mentale, de rêver à une telle vie : femme au foyer  (et bon débarras le labeur professionnel).
Je n’estime pas qu’il soit honteux ou lamentable de faire un tel choix. Jamais je ne mépriserai les femmes qui se sont engagées dans cette voie.

Seulement, il ne faut jamais perdre de vue le revers de cette médaille : s’il y a « possibilité d’un choix », ce n’est pas en situation de liberté pure et parfaite. L’autre face du choix, ce sont ces femmes qui restent chez elles sans l’avoir voulu. Ce sont celles qui l’ont choisi à rebours, parce qu’elles étaient tellement débordées par leur double journée qu’elles ne pouvaient plus faire autrement. Ce sont toutes ces femmes sous employées, contraintes de travailler à mi-temps parce que c’est tout ce qu’on leur offre, et qui voudraient travailler plus. Ce sont, aussi (puisque ça découle de la même logique), les écarts de salaires persistants. La difficulté pour une femme de monter les échelons hiérarchiques. Leur nombre ridicule aux postes de pouvoir et d’argent. Les doubles ou triples journées de celles qui préfèrent ne pas lâcher.


De façon générale, les facilités offertes aux femmes peuvent toutes se ranger sous une rubrique « possibilité d’être en retrait » : plus tranquille, car moins exposée aux défis, aux épreuves et jugements, aux affrontements, aux coups (une femme a le droit de dire qu’elle a peur). Toutes les facilités subsumées sous cette rubrique ont un prix : la difficulté à ne pas être en retrait. Il faut ainsi soit « se faire une raison » (et travailler à se satisfaire de son existence en coulisses), soit en faire trois fois plus qu’un homme pour marcher sur le devant de la scène.
A l’inverse les souffrances infligées aux garçons et aux hommes au travers des rituels de virilité sont le prix à payer pour avoir l’opportunité de marcher sur le devant de la scène.

La violence à laquelle sont confrontés les hommes est d’abord une violence entre égaux : sur le mode du défi, de la confrontation corps à corps ; la violence contre les femmes est une inquiétude permanente, sourde, diffuse, omniprésente.


Dans son livre Anatomie Politique Nicole-Claude Mathieu évoque les pratiques de scarification chez les Ibibio du Sud-Nigeria. Les jeunes femmes comme les jeunes hommes doivent subir cette épreuve particulièrement douloureuse, mais elle prend pour les unes et les autres des significations très différentes. Les hommes sont réputés apprendre par ce biais à se contrôler et se dépasser eux-mêmes ; la réussite de l’épreuve donne lieu à un rituel de glorification de soi. Plus ils supportent de souffrance, et plus ils s’affirment forts, courageux, dignes de considération voire d’admiration.
Les jeunes filles doivent en passer par là pour se marier, mais dans une mesure très codifiée. Une jeune fille dont la peau n’a jamais été scarifiée n’a pas le droit de se marier. A l’inverse, une femme qui porte de trop nombreuses traces de scarification ne trouvera pas de mari : si elle peut supporter un tel degré de douleur physique, elle fera une épouse trop indocile, battre n’aura aucun effet sur elle.
L’épreuve, pour les filles, fortifie la capacité de résistance au sens de supporter, brise la capacité de résistance au sens de refuser. Elles doivent pouvoir endurer la souffrance (comme contrainte, abandon, limitation), sans gagner de force pour refuser ou s’affirmer.


Posté sur un forum féministe :
« A Olive qui demandait : « à quand les règles pour les garçons? :-) », j'avais envie de dire :
"S'ils avaient leurs règles, on dirait d'eux qu'ils sont hyper courageux, que le sang c'est la vie, la force. Pendant cette période là, on s'émerveillerait qu'ils puissent être tout aussi performants et même plus. Ils diraient "j'ai mes règles" avec fierté. Et ce jour là, les femmes les serviraient encore plus, encore mieux, plus gentiment. […] En attendant ce grand moment, bonne nuit Olive !" »

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