Ma petite maman. Je parle beaucoup de toi en ce moment. Mes mottes de souvenirs qui fondent sous le soleil le soir, ou des touffes piquantes de mauvaises herbes et d'orties. Ma petite petite maman qui tricote, étouffée sous sa montagne jaune de pulls moher. Je suis injuste souvent, et j'écris des horreurs, qui feraient couler tes larmes, quand j'écris que tu ne m'aimais pas - ma maman ne m'a pas aimée quand j'étais petite. Bien sûr tu m'aimais, tu m'aimais comme tu pouvais, moi ton reflet en minus petite souris vaguement drôle vaguement pitoyable et qui mangeait trop de chocolat. Tu aurais préféré une fille que tu n'aurais pas faite, que tu n'aurais pas élevée, que tu aurais achetée toute finie dans un supermarché, au rayon féminité, et qui ne t'aurait pas ressemblée ; elle aurait eu de longs cheveux d'or, et ses boucles auraient été retenues par des rubans rouges, immaculés ; elle aurait joué sans se salir, en chantonnant des berceuses avec une voix douce ; elle aurait levé son petit doigt en tenant toute droite sa tasse de thé et ouvert ses grands yeux bleus.
Ma petite maman.